Les enfants sportifs marginalisés
Sport de maintien. Les jeunes sont généralement mis en marge des
groupes de sport de maintien.
Il est un peu plus de 5h ce mardi 9 décembre
2014. Des groupes de sportifs s’exercent
à l‘esplanade de la communauté urbaine de Bafoussam. comme pour se donner un
second souffle ou une motivation, certains groupes, scandent des chansons obscènes.
On comprend vite qu’ils ne peuvent pas le faire en présence des enfants. En
observant les visages, on ne remarque aucun jeune dans ces groupes. Olive Ewolo
responsable d’un groupe de sport, reconnait qu’elle évite de mettre les jeunes
avec les adultes ensemble. «On a rarement des jeunes qui viennent s’inscrire
dans nos groupes. Ici, ce sont en majorité des adultes qui ont des problèmes de
surpoids et de santé à améliorer ». Lorsqu’il s’agit des jeunes qui
viennent poser ces problèmes selon cette monitrice, «on aménage un programme
spécial pour eux. C’est le plus souvent pendant les vacances que les parents
nous confient leurs enfants qui ont un problème surpoids». Au stade omnisport
de Bafoussam, les enfants qui sont dans certains groupes, subissent un suivi
particulier et n’effectuent pas les mêmes mouvements que les autres. Même constat au stade omnisports de
Bafoussam. Les jeunes bien que membres d’un groupe, s’entrainent en marge du
groupe. Ici, ils subissent des entraînements athlétiques. Venu avec ses enfants
dans son véhicule, Un sportif les oriente d’abord dans un coin et les instruit
de s’étirer. Il rejoint rapidement son groupe de temps à autre, il passe et
redonne quelques exercices à ses enfants qui l’appliquent. Ces derniers ne
manquent pas lorsque leur paternel a le dos tourné, d’essayer d’effectuer les
mouvements qu’effectuent de l’autre côté les adultes. Ce, en redoutant d’être
surpris par leur papa qui ne l’autorise pas.
Selon Isidore Dassi le responsable d’un groupe de sport de maintien, les jeunes
méritent un suivi différent des adultes. Pour cet ancien boxeur, «c’est quand
ils sont jeunes, qu’il est approprié de conseiller, d’orienter les jeunes vers
la pratique des activités sportives qui non seulement contribuent au maintien
de leur forme et santé, mais également, leurs sont utiles pour spécifier leur
formation, l’endurance et leur devenir pourquoi pas professionnel». Pour
Boniface Zebazé professeur d’éducation physique et sportive qui est en outre
animateur d’un groupe de sport de maintien, les jeunes au lieu de s’inscrire et
de suivre le rythme des groupes de sport de maintien qui sont des mouvements
appropriés pour adultes, doivent pratiquer un sport spécifique qui peut leur
être bénéfique dans leur carrière. Il conseille entre autre la natation,
l’athlétisme, les arts martiaux, et des sports de groupes comme le tennis, le
basket ball, le hand ball, le football. «On constate que beaucoup de bons
footballeurs d’aujourd’hui, passent par des écoles de football où ils
commencent et sont initiés très jeunes aux fondamentaux. Il en est de même pour
les autres activités sportives où des parents inscrivent les jeunes pour qu’ils
y aillent pour se distraire et à la fin, se découvrent un talent au point de
pratiquer et de vivre de cette activité sans abandonner la poursuite de leurs
études qui conditionne leurs déplacements et plus tard leur réinsertion
professionnelle ». Sachant de quoi il parle, il cite de nombreux jeunes
dans ce cas qui se sont épanouis parce que recrutés très jeunes en raison de
leurs talents sportifs. Dans les groupes de sport de maintien, les jeunes qui
ont aussi des difficultés à respecter les horaires de travail des adultes,
demeurent marginalisés.
Honoré Feukouo
L’enfant mérite d’être sportivement bien suivi »
Jean Jacques Kouassi. Professeur d’éducation physique et sportive, il
suit particulièrement les jeunes sportifs.
Est-il approprié pour un jeune de s’inscrire dans un groupe de sport de
maintien et de suivre les activités comme les adultes ?
Le sport chez l’enfant n’est pas
la même chose que chez l’adulte. Si un jeune effectue un mauvais échauffement,
il est exposé à des fractures, à des déboitements et à d’autres risques sur sa
santé. Le déroulement des activités lorsqu’il est mal organisé chez un jeune,
peut aboutir à un retard de croissance par exemple. Vous voyez donc qu’il n’est
pas opportun de mettre nécessairement les jeunes qui font le sport pour le
développement, la croissance et l’entretien du corps, avec les adultes qui
pratiquent des activités visant au maintien de leur santé, au combat du
surpoids et à la recharge énergétique de leur corps. Nous avons des adultes qui
après le sport, pour la récupération, prennent en groupe le bouillon, des
bières et autres commodités qu’ils se le permettent. Alors que les jeunes qui
viennent, doivent juste après, aller à l’école, sans moyens de compenser cette
énergie et surtout la dose de vitamine nécessaire à leur organisme. Cela est
dangereux parce qu’ils se retrouvent vite avec des problèmes cardiaques,
musculaires et cérébraux difficile à résoudre par la suite. Il faut donc que
les jeunes qui pratiquent le sport aient une dose particulière à leur âge qui
ne soit pas la dose adulte en termes de qualité de mouvements et en quantités
d’activités effectuées.
Que conseillez- vous aux jeunes qui veulent se lancer dans la
pratique du sport de maintien?
Les jeunes doivent se spécifier
quitte à changer d’activité périodiquement pour se spécialiser et s’adapter à
tous les sports. Le sport est très utile pour les jeunes. Il contribue au rejet
des toxines dans leur corps, à maintenir l’équilibre dans leur organisme. Mais
il faut le faire de manière organisée. C’est pour cela que nous conseillons aux
jeunes de pratiquer en groupe des activités sportives cela les formes, les
forges. Ils y apprennent la confiance en soi, car il faut être confiant pour
entreprendre un mouvement, un geste qu’on ne sait pas avant, être confiant et
déterminé pour l’apprendre, s’améliorer et le prouver à soi même avant les
autres. Les jeunes acquièrent aussi la capacité d’autonomie. C’est le cas d’un
jeune footballeur, volleyeur, handballeur, basketteur… qui a le ballon. Il faut
choisir entre faire une passe à l’un de ses 2 à trois coéquipiers disponibles
ou continuer à avancer le ballon. Il n’a pas un enseignant pendant ces quelques
secondes pour l’aider à décider en cas de situation difficile. A côté de
l’esprit de décision qu’il se forge, il y a celui de l’entre-aide. Voler au
secours d’un camarade en situation difficile, l’aider à s’améliorer cela compte
pour le jeune et booste leur moral mutuellement. Le sport booste aussi la
mémoire du jeune qui se régénère et qui apprend au quotidien. Mais il faut
qu’ils soient bien suivis, qu’ils récupèrent bien et qu’ils n’en fassent pas
trop. Il y a des adultes qui viennent et s’imposent une grande dose d’endurance
pour obtenir rapidement un résultat. Ce ne doit jamais et en aucun cas, être la
même chose pour un jeune.
Propos recueillis par Honoré Feukouo
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