mercredi 10 novembre 2010

Ouest; les bandits dépouillent les églises en série


Soixante millions Fcfa volés au cours de six attaques.
Les bandits qui dévalisent les églises ces derniers temps dans la région de l’Ouest ont, à quelques exceptions près, le même mode opératoire. Ils débarquent quand le clergé, au grand complet, est autour de la table pour le repas du soir. Bien renseignés, ils se pointent aussi lorsque des «invités» fortunés sont en visite dans ces presbytères.
Armés de pistolets de fabrication traditionnelle, de machettes et de couteaux, ils tiennent la maisonnée en respect pour effectuer la fouille des locaux et des occupants. Comme butin, ils emportent des téléphones portables, des ordinateurs, des objets de décoration pour l’habillage des églises et de l’argent. Ils font souvent halte à la caisse de l’intendant de la paroisse. Et repartent le plus souvent à bord de véhicules appartenant à la paroisse, qu’ils abandonnent quelque part, après avoir enfermé le personnel trouvé sur place dans l’une des chambres du presbytère.
L’ancien premier ministre rwandais, le Dr. Dismas Nsengiyaremye et son frère Emmanuel Munyankumburwa, qui sont venus rendre visite à leur compatriote l’abbé Jean Paul Nsanzimana, ont été, le vendredi 22 octobre 2010, victimes de ces bandits. Ils prenaient leur repas vers 19h, lors que des brigands ont fait irruption dans la salle. Ils sont repartis après avoir pris de plus de 2 millions de francs Cfa aux invités et  aux prêtres de la communauté des Lazaristes qui dirigent la paroisse du mont Carmel, située à l’entrée de la ville de Bafoussam. Les paroisses saint Antoine Depadoux de Bamendjou, Saint Denis de Batcham Fiela, saint Barthélemy de Bahouan, sainte Cécile de Kouogouo et de Batcham, ont subi des coups similaires.
Le père Michel Toukam de la paroisse Sainte Cécile de Kouogouo Bafoussam se rappelle que les bandits ont vidé son domicile et ses bureaux, juste au moment où il disait la messe du soir, le vendredi 15 octobre 2010. Le temps pour lui de constater les dégâts après la messe, les mêmes bandits sont revenus la nuit,  pour emporter des ordinateurs et d’autres outils de valeurs laissés lors de leur premier passage. A Banga, le 14 octobre dernier, trois de ces bandits sont allés en éclaireurs. Le premier était vêtu comme un prêtre et les deux autres portaient des tenues militaires.  Dès que le portail a été ouvert, ils ont tôt fait de sortir leurs armes et de fouiller les lieux. Parmi les brigands qui ont été identifiés respectivement à Bahouan et à Batcham, certains sont reconnus comme des anciens chrétiens et employés de l’église. André Tassa, le président du comité paroissial Justice et Paix au diocèse de Bafoussam, pense que le recrutement des vigiles n’est pas la solution idoine. Au décompte actuel, le secrétaire à l’éducation privée catholique le père Kengne Tchamou Gabriel, considère que ce sont d’énormes sommes d’argent qui ont été emportées. Le total des pertes serait au delà de la somme de 60 millions de nos francs.
Honoré Feukouo

Abbé Robert mathurin kenfack :  «Ils sont en train de voler dans leurs propres poches» *
Le vice responsable de la communication diocésaine de Bafoussam, déplore les braquages en séries contre les milieux religieux.
Que pense l’Eglise des attaques répétées dont les paroisses catholiques sont l’objet dans la région de l’Ouest ?
On ne peut pas rester insensible à des choses comme celles-là. S’il  y avait un message à faire, je n’hésiterais pas à dire à ceux qui commettent ces actes là, qu’ils sont en train de voler dans leurs propres poches. Parce que ce qui appartient à l’homme appartient à Dieu, et ce qui appartient à Dieu appartient à l’homme. Il faut savoir respecter ce qui appartient à Dieu parce que c’est ça que Dieu donne à l’homme. Si l’homme vient l’arracher, c’est une malédiction qu’il attire sur lui. Quand on s’attaque à Dieu, je pense que c’est une façon de se moquer de soi même. Je voudrais penser qu’il s’agit ici de personnes affamées, éprouvées et frustrées, qui vont dans une recherche de solution. De plus en plus, ils n’en trouvent pas et commencent à se dire qu’il faut aller vers les milieux les plus juteux. Ils se disent que la mission est certainement le lieu qui est en même temps le riche et le fragile. Ils se disent que c’est facile de s’y attaquer. La mission a toujours été considérée comme le milieu où on a le plus facilement ce qu’on veut obtenir. C’est une réaction qui devrait être vue comme une recherche des solutions aux problèmes de la misère dans un pays. Un problème qui devient très sérieux, mais qui ne préoccupe pas ceux qui devraient intervenir pour cela.
L’Eglise envisage-t-elle un renforcement des mesures de sécurité ?
C’est vrai que quand il y a insécurité, on doit absolument penser à faire quelque chose. Et l’Eglise a déjà pensé à mettre sur pied des stratégies de sensibilisation. Que l’église soit aujourd’hui attaquée, ça devrait être une chose préoccupante. On est tous d’accord que l’Eglise est un peu le lieu où tout le monde se replie quand les choses vont mal. On a même vu, dans des situations de guerre, que l’Eglise est un lieu sécurisé. On s’y réfugie avec la certitude d’être entré dans les bras de Dieu. Malheureusement, avec ce qui se passe, on ne peut passer que par une sensibilisation. Les prisonniers et les brigands sont les enfants de Dieu, et s’ils se considéraient comme tel, ils ne viendraient pas à l’Eglise arracher ce qui appartient à Dieu. Ils devraient plutôt trouver le moyen de donner à l’Eglise afin qu’elle puisse continuer à dire ce que, eux, n’arrivent pas à dire. Ces visiteurs peuvent venir autrement que comme des brigands. Si jamais ils avaient le courage de se rapprocher de Dieu, je pense qu’ils trouveraient même la solution à leurs problèmes.
Propos recueillis par
 Honoré Feukouo

Dschang: Les Universitaires parlent de la gouvernance urbaine


ls prennent part à un colloque international sur la question.
Des universitaires du Cameroun et leurs collègues d’une dizaine de pays africains sont réunis à l’université de Dschang. Ils participent, du 8 au 13 novembre 2010, à un colloque international sur le thème «Les enjeux et les défis de la gouvernance urbaine en Afrique». 
Bernard Momo, maire de la commune de Dschang, a rappelé que cet atelier arrive au moment où les municipalités du Cameroun souffrent d’un manque criard de ressources humaines, pour mener la décentralisation. Le Pr Anaclet Fomethé, recteur de l’université de Dschang, a souligné qu’il est prioritairement question de donner les acquis nécessaires aux enseignants d’universités pour qu’ils forment une ressource humaine de qualité. Ils pourront ainsi renforcer les capacités scientifiques des chercheurs sur la  complexe question de la gouvernance urbaine en Afrique, dans un contexte où la population urbaine passe du simple au double tous les 10 à 15 ans dans les grandes villes du Cameroun et d’Afrique.
Ces réalités ont été exposées dans les premières leçons des Pr Martin Kueté de l’université de Dschang et Emile Brou Koffi. Les résultats de leurs travaux dressent le constat selon lequel, face à la démographie galopante, l’accès aux services d’urgence traîne à suivre le pas. Ce qui fait de nos villes africaines des zones d’insécurité permanentes.
Selon Philippe Hamelin, le secrétaire exécutif du département de soutien et formation des communautés du sud au ministère français des Affaires étrangères et européennes, cet atelier est inclus dans un vaste projet  du Corus & Aires-Sud financé par le ministère français des Affaires étrangères à hauteur de 8 millions d’euros, soit environ 5 milliards de francs Cfa; pour le soutien de 82 projets thématiques à travers l’Afrique dont l’essentiel est dévolu à la gouvernance urbaine en Afrique. On est dans la phase de valorisation de ces projets. Ici au Cameroun, on a choisi la ville de Dschang  parce que c’est une ville qui est dans une zone très peuplée en Afrique et qui avait un programme Aires-Sud centré sur cette thématique qu’est la gouvernance urbaine en Afrique.
Honoré Feukouo

Sdf: Le parti de John Fru Ndi perd ses cadres


Bamenda : John Fru Ndi parle de Pierre Kwemo et de Kah Walla
Le sujet des démissions, qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour du Nec, a cependant été au cœur de certains échanges entre les membres du parti.  
C’est comme si les cadres du Sdf s’étaient passé le mot avant l’ouverture des travaux  du comité exécutif national  (Nec, en anglais).
Les récentes démissions survenues au sein du parti (Pierre Kwemo, Kah Walla) n’étaient pas à l’ordre du jour des travaux. C’est pourtant le Chairman Ni John Fru Ndi en personne qui, le premier, en a parlé. Lors de l’ouverture officielle des travaux à laquelle les journalistes ont été admis, il a évoqué les démissions de Nguenevit, ancien député Sdf dans la Menoua et ministre des finances dans le Shadow Cabinet du Sdf, de Kah Walla, qui présidait la commission des stratégies du parti et de Pierre Kwemo, ancien Premier vice-président national, qui est venu personnellement lui signifier son départ.
Il a commencé par le cas de Kah Walla, en présentant une lettre qu’il dit avoir reçue de cette dernière. Dans son contenu, tel que le résume Ni John Fru Ndi, «Kah Walla confirme qu’elle est toujours militante du Sdf, membre du Nec et présidente de la commission de stratégie du parti, alors qu’elle a convoqué toute la presse et l’opinion d’en face pour annoncer pompeusement sa démission.»
Ce sujet a été également évoqué avec passion, lorsque les présidents provinciaux et des commissions élaboraient leurs bilans pour la préparation du congrès qui va permettre en février 2011 de désigner le candidat du Social Democratic front (Sdf) pour la prochaine élection présidentielle et permettre de mettre sur pied le nouveau bureau exécutif du parti. Certains délégués du Littoral n’ont pas manqué publiquement d’évoquer une certaine haine entre les cadres du Sdf Littoral, qui a poussé des personnes qui n’ont pas qualité à annoncer publiquement l’exclusion d’une militante au lieu d’attendre la décision du Nec.
Les autres démissions ont été évoquées avec amusement. «Il y a des gens qui se sont auto-exclus plusieurs fois, qui sont revenus et ont été acceptés comme nous le faisons toujours dans le parti. Nous attendons ce qu’ils vont faire à présent. Pierre Kwemo, qui est un statisticien, n’a jamais rien apporté de son domaine de compétence au parti. Comme député et membre influent du parti il a plus contribué à la division qu’a la construction du Sdf», lance le chairman du Sdf. Sur le dossier Elecam, le point de vue du Sdf demeure le boycott, qui devrait se durcir, si rien n’est fait dans les prochains mois. Le Nec a aussi tenu à faire savoir sa position sur les problèmes qui déchirent le Cameroun actuellement.  La pandémie du choléra et la flambée des prix des produits des produits de première nécessité, comme le sucre et le poisson, ont été commentés comme les échecs d’un gouvernement dépassé par la gestion des besoins prioritaires du pays.
Honoré Feukouo,
 à Bamenda

Le Nec esquive les démissions
Les cas Pierre Kwemo et Kah Walla n’étaient pas prévus à l’ordre du jour de la réunion du National Executive Commitee du Sdf samedi dernier.
C’est avec une cinquantaine de personnes, moins que par le passé, que la réunion du Comité national exécutif (Nec) du Sdf a débuté samedi 30 octobre dernier vers 11h30. Il était pourtant prévu plus tôt ce matin-là. Rarement on a vu autant de sièges vides au début d’une telle réunion. Dans la salle, Me Mbah Ndam, par exemple,inscrit parmi les présents, n’a pas été aperçu de la journée. Le député Jean Michel Nintcheu, président régional du Sdf dans le Littoral, arrivé tardivement, a été accueilli par des chahuts. Les plus assidus à la réunion de samedi ont justement été les membres venus de la région du Littoral.
Tout au long des travaux qui se sont déroulés sans interruption, on a, à plusieurs reprises, vu des groupes de trois ou quatre personnes sortir pour de longs conciliabules. Chacun s’éloigne cependant des journalistes. «Ne passez plus à mes côtés, le Chairman va me considérer comme celui qui donne les informations sur le Sdf à la presse», lance un membre du Nec, habitué pourtant à plaisanter avec les journalistes.
Décontracté, du haut de son siège, le Chairman Ni John Fru Ndi lance des blagues de temps à autre ? Dès qu’il quitte la salle, il ne manque pas de taquiner quelques personnes et il invite un de ses proches collaborateurs à faire rentrer dans la salle ces membres du Nec qui créent d’autres réunions à l’extérieur.
De l’extérieur où ils sont cantonnés, les journalistes entendent régulièrement des voix monter à l’intérieur de la salle des réunions de Ntarinkon. Les applaudissements se font parfois entendre également. A chaque fois, c’est la cloche du Chairman qui ramène l’ordre dans la salle. «Les débats traînent en longueur, alors que le programme est fort chargé», constatent ceux qui sortent pour souffler. Dans le programme, la part belle est donnée au rapport des commissions et des présidents régionaux, afin qu’ils parlent de l’état du parti dans leurs localités et des préparatifs du congrès de février 2011. Au cours de celui-ci, il est prévu l’élection du nouveau bureau national du Sdf et, éventuellement, le choix du candidat du parti à l’élection présidentielle (au cas om le Sdf y participe).  Le nombre des membres du Nec qui sorte de la salle pour «souffler» augmente lorsque Me Mbami prend la parole pour aborder le point sur les finances.  Tout se passe comme si l’on veut passer sous silence les récentes démissions. Pourtant, c’est le sujet qui revient sans cesse et qui est vivement débattu à l’extérieur. Parmi les accusés, Jean Michel Nintcheu.
Honoré Feukouo, Bamenda

Ni John Fru Ndi  :  «C’est un faux débat pour nous»
Le Chairman considère que les démissions de Kah Walla et de Pierre Kwemo ne sont pas importantes dans la vie du parti.
Vous n'avez pas voulu, au cours de la réunion du Nec, mettre en avant la démission de trois hauts cadres du parti. Pourquoi ?
Il y a des gens qui ont été frappés plus de trois fois par le 8.2, qui n'étaient plus véritablement des partisans, et ceux qui se sont auto-exclus et qui n’apportaient rien au parti, qui veulent se faire voir tout d'un coup et faire sensation. Je prends le cas de Pierre Kwemo, qui est parti et est revenu au moins trois fois par le passé. C’est un statisticien de formation. Mais il n’a jamais rien apporté au parti. Même pas lorsqu’il était député. C’est la même chose pour Nguenevit, qu’on ne voyait plus depuis longtemps, jusqu'à ce qu’il renaisse par cette lettre de démission. Pour le cas de Kah Walla, je l’apprends par vous. A ce que je sache, nous n’avons pas reçu de lettre de démission venant d’elle. Ces démissions que vous évoquez sont de faux débats pour nous. Au Sdf, on veut voir comment  construire le pays. Il  y a l’insécurité dans notre pays, que ce soit au niveau de la vie physique des personnes, que ce soit sur le plan alimentaire, avec la vie chère, que ce soit sur le plan de la santé, avec le choléra et autres ; c’est tout cela qui devait nous préoccuper actuellement.
Paul Biya, le président de la République, sera bientôt à Bamenda. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je constate, pour l'instant, que le palais des congrès de Bamenda a été transformé en une sorte de lieu de commerce où les gens confectionnent toutes sortes de gadgets qu’ils vendront à cette occasion. Je peux déjà vous dire que  la venue de Paul Biya, qui vient célébrer l'armée, a lieu alors que la ville de Bamenda est dans une insécurité totale. Il y a des bandits qui attaquent partout, menacent tous les opérateurs économiques de la ville. En bref, nous sommes dans une insécurité totale.
Propos recueillis par HF,
 à Bamenda

20 ans et des départs en cascade
Certains cadres du parti ont démissionné pour exprimer leurs divergences de vues, d’autres ont été poussés à la porte par le fameux 8.2.
Le Social Democratic Front (Sdf) a vingt ans et d’innombrables déchirures. La démission de son 1er vice-président, Pierre Kwemo, en fin de semaine dernière, vient s’ajouter à plusieurs autres départs qui ont marqué l’histoire du principal parti de l’opposition camerounaise. S’il y a eu des départs sans grands remous, certains, de par la qualité des personnes concernées et les fonctions qu’elles occupaient ont constitué des tournants de l’histoire du Sdf qui, pourtant, est resté à sa place, comme son chef, le Chairman Ni John Fru Ndi.
Il y a eu les premiers mécontents, au rang desquels on peut citer Siga Asanga, Dorothée Kom, Charly Gabriel Mbock, Edouard Tankwé, qui ont critiqué des mesures du Chairman. Ils ont dû par la suite quitter la barque, en avril 1995. Pour avoir organisé un forum de réflexion à l’intérieur du parti, ils avaient été frappés par le fameux 8.2. Au sein du parti, on parle d’auto-exclusion. L’on perd, d’après les statuts du Sdf (article 8, alinéa 2), sa qualité de membre «à la suite de démission, du retrait volontaire ou pour appartenance à un autre parti politique, ou pour des engagements susceptibles de nuire à la réputation, aux intérêts et à l’efficacité du parti ou pouvant discréditer le parti».
D’autres cadres du parti en seront également victimes plus tard. Pour des raisons similaires. Basile Kamdoum et l’ancien député Jean Pierre Tchoua, d’abord, Souleymane Mahamat, Léolin Nja Kwa, ancien maire de Douala 1er et président provincial du Sdf, et de Moukouri Manga Bell, ancien député et membre de la cellule des conseillers ou encore Tazoacha Asonganyi, l’ancien secrétaire général du Sdf.
A côté de ces cas d’exclusion, il y a les démissions, moins nombreuses, mais qui méritent également d’être évoquées. La plus spectaculaire fut celle, collective, Saidou Maidadi Yaya, ancien 1er vice-président du SDF, Evariste Fopoussi Fotso, ancien secrétaire national à la communication du Sdf, Samuel Tchwenko, membre fondateur du parti et Yves Epacka, membre du conseil exécutif national. L’ancien président provincial du Social Democratic Front (Sdf) pour le Centre, Sani Alhadji, quittera lui aussi les rangs du parti.
L’Alliance des forces progressistes (Afp) naîtra ainsi de la scission au sein du Sdf. En août 2002 en effet, Saidou Maidadi Yaya, Evariste Fopoussi Fotso, Samuel Tchwenko et Yves Epacka créent leur nouveau parti à Limbé. Certains des démissionnaires de l’époque, à l’instar d’Evariste Fopoussi, sont entretemps revenus dans les rangs.
Jules Romuald Nkonlak

Joshua Osih :  «Nous n’avons pas reçu de démission formelle de Kah Walla»
Le vice-président du Sdf a tenu, en lieu et place du chairman, le premier point de presse du Nec.
Est-ce que cette réunion du Nec, qui constate des démissions dans vos rangs, fait de vous le 1er vice président Sdf de fait ?
Ecoutez, la convention du parti a lieu en février et donc, en février,  vous saurez qui a été élu et à quelle place, parce que les résultats sont presque instantanés.
Que dit le Sdf par rapport à la démission des membres du Shadow Cabinet et de Kah  Walla?
 Je noterai déjà ici que nous n’avons pas reçu de démission formelle de Mme Kah Walla. Nous avons reçu des lettres de démission de l’honorable Pierre Kwemo et de l’honorable  Nguenevit. Ce ne sont pas des problèmes prioritaires. Je vous rassure que le problème du Cameroun est ailleurs. Comme je le disais tantôt, ceux qui veulent faire diversion se trompent d’adversaire.
Quelle est la position du Sdf sur la visite imminente du président de la République à Bamenda?
S’agit-il d’une visite civile, militaire ou d’une visite mixte ? Je crois que le ministre de la Défense a été assez clair là-dessus. Que le président visite une partie du Cameroun, c’est son devoir, il est président de la République, il est président de toute l’étendue du Cameroun et donc, pour nous, ce n’est pas un évènement majeur. Ce qui est un évènement majeur, c’est le fait qu’il ne visite jamais son propre pays.
Est-ce que le présent Nec a permis au Sdf de réviser sa position sur le dossier Elecam?
Je pense que notre position est claire : nous voyons l’embrouille qu’il y a au sein d’Elecam à travers le conflit entre le conseil et la direction générale. Nous pensons que, tôt ou tard, nous devrons commencer à penser au processus électoral. Vous savez, au Cameroun, Elecam et son Rdpc ou encore le Rdpc et son Elecam -parce que c’est blanc bonnet, bonnet blanc- essayent de nous faire croire qu’il y a un problème d’inscription, qu’il y a un problème à aller de l’avant.  Ils essayent de vendre l’illusion d’une élection présidentielle. Nous voulons ramener le débat sur un processus électoral et nous disons à tous ceux qui essayent de tromper la vigilance des Camerounais, en promettant le paradis, que pour atteindre le paradis, il faut d’abord mourir. Donc, nous sommes dans notre logique, nous sommes dans notre processus. Je pense qu’on  va plutôt radicaliser notre position si rien n’est fait d’ici peu. 
Propos recueillis par
Honoré Feukouo,
 à Bamenda

Votre avis
Emmanuel Tagne Ngueko, vice-président provincial du Sdf à l’Ouest
Parlant de la démission des membres du Nec de l’Ouest, je peux quelque peu regretter la démission de Nguenevit. C’est toujours difficile de perdre un camarade, un homme avec qui on a cheminé, une personne qui a combattu à vos côtés. Bon, c’est la vie ! C’est aussi cela la démocratie au sein du parti. C’est, au contraire, pour nous une bonne chose d’entendre parler de la démission de l’honorable Pierre Kwemo. Je peux vous assurer que les militants, au niveau du Haut Nkam, tout au moins, sont plus épanouis. Ils travaillent avec plus de sérénité, sans une forte menace dans le dos. Je ne vous apprends rien, puisque vous-même vous savez les problèmes qu’il a créés au sein du parti, dans la région de l’Ouest. On allait sans cesse de divisions en procès, sur les quels je ne peux pas m’étendre maintenant. Je peux tout simplement dire que le Sdf, à l’Ouest, se reconstruit très bien et se porte tout aussi bien. Vous êtes régulièrement avec nous sur le terrain pour le constater.

Evariste Fopoussi Fotso, ministre de la communication du Shadow Cabinet du Sdf
En ce qui concerne la démission de Kah Walla, notre position est assez claire. Nous n’avons encore reçu aucune lettre de démission. Elle continue donc d’être une militante du Sdf. Pour son dossier tel qu’il a été étudié et tranché par certains à Douala, nous rappelons aussi que toutes les procédures disciplinaires sont suspendues jusqu’au lendemain du congrès. C’est une décision prise depuis quatre mois, et tout ce qui est survenu après n’est donc pas valable.

Batcham: Un arrondissement qui vit sans ses chefs


Les chefs sont morts, vive le désordre
La mort subite du sous-préfet Eddy Joe Njinwa Muluh, le 29 septembre 2010 a été précédée par celle du chef supérieur Sonkoué Tatang Francis Hervé le 19 décembre 2010.
L’arrondissement de Batcham est à la recherche de ses chefs. Jamais une décision de justice, ni un texte portant nomination des sous-préfets n’ont été autant attendues dans cet arrondissement du département des Bamboutos.
C’est à l’issue d’une procédure judiciaire actuellement en cours que le chef supérieur pourra être désigné. Tout comme c’est un décret présidentiel qui mettra fin à la vacance à la tête de la sous-préfecture de Batcham.
Mercredi le 29 septembre 2010, le sous-préfet Eddy Joe Njinwa Muluh est décédé. Victime d’un malaise alors qu’il venait d’entamer sa journée de travail, il a été transporté pour l’hôpital baptiste de Bingo, situé à une vingtaine de kilomètres de Bamenda dans la région du Nord-Ouest. Trop tard cependant. Le sous-préfet n’a pas pu être sauvé. De source médicale, il est mort à la suite d’un malaise cardiaque.
Arrivé  à Batcham en provenance de Mamfé, dans la région voisine du Sud-Ouest, Eddy Joe Njinwa Muluh a remplacé Emile Mooh, le sous-préfet qui, le premier,  a géré le dossier de la mort du chef Batcham Sonkoue Tatang. Lors de la cérémonie de passation de commandement le nouveau sous-préfet avait reçu comme principale instruction du préfet du département des Bamboutos de peser de tout son poids pour que la lumière soit faite sur le dossier de la succession à la chefferie Batcham.
Il était question pour cet administrateur civil de 55 ans de faciliter le déroulement de la procédure judiciaire, en fournissant toutes les informations nécessaires à l’enquête, et de permettre aux notables compétents de préparer le processus de la désignation du prochain chef Batcham. Un dossier qui tardait à trouver une solution. Avec le décès du sous-préfet Njinwa Muluh,on imagine qu’il va prendre encore du retard.
Honoré Feukouo
L’adjoint d’arrondissement fait la navette
C’est de la préfecture de Mbouda que viennent désormais les instructions.
Après le décès du sous-préfet Eddy Joe Njinwa Muluh, le 29 septembre 2010, des scellés ont été posés à l’entrée du bureau qu’il occupait. La vie, toutefois, poursuit normalement son cours, même s’il faut attendre plus longtemps pour la signature de certains documents, par exemple. L’adjoint d’arrondissement actuellement en poste, qui assure plus ou moins l’intérim à la tête de l’arrondissement, ne peut pas signer tous les actes  dévolus au sous-préfet. Nous n’avons pas pu joindre l’adjoint d’arrondissement, malgré toutes nos tentatives et les différents rendez-vous qu’il nous a donnés.
Toutefois, d’après les informations que nous avons recueillies sur place, l’adjoint d’arrondissement se rend tôt chaque matin à Mbouda, où il soumet les dossiers courants au préfet du département. Les instructions du préfet sont transmises à ses collaborateurs les plus proches, qui à leur tour relayent l’information aux usagers.
HF
 
«Le collège des 9» gère la chefferie
C’est ce groupe de notables qui s’occupe des affaires courantes depuis le décès du chef.
De petits groupes gèrent, de manière provisoire, la chefferie Batcham depuis le décès du chef. Sur  le plan traditionnel, le collège des 9, selon une source bien introduite, assume l’intérim. Selon une source à la chefferie, il organise le travail des soldats du chef, chargés d’assurer la garde de la chefferie, et veille au respect des us et coutumes. C’est le cas, par exemple, pour l’organisation des sorties des danses traditionnelles.
La même source nous affirme que depuis le départ précipité de certaines épouses du défunt chef, ces gestionnaires ont également pour mission de veiller à ce que toutes les veuves du défunt chef ne désertent pas la chefferie.
Les projets de développement sont gérés par Paul Gabriel Ndemou, le président du comité de développement de Batcham, et Pierre Tchinda, le maire de la commune de Batcham.
Samuel  Dieudonné Ivaha Diboua le gouverneur de la région la région de l’Ouest, a précisé, lors de son dernier passage à Batcham, que la procédure de désignation du successeur du défunt chef, Francis Hervé Sonkoué Tatang, ne sera enclenchée qu’après que la justice aura donné son verdict. Le gouverneur répondait ainsi aux sollicitations de l’élite locale, qui constatait que le vide prolongé à la chefferie Batcham, contribuait fortement à l’instauration de l’insécurité dans cet arrondissement.
Tous les notables approchés sont confiants. Pour eux, le nouveau chef sera aussitôt désigné dès que le quitus de l’administration sera acquis. «Si nous avons pu surmonter les protestations et les contestations qui ont embrasé le groupement avant le choix de l’ancien chef, nous pouvons faire de même actuellement », nous confie, sous anonymat, l’un des membres du collège des 9, chargé de choisir le futur monarque des Batcham.
HF
 
Au tribunal : L’enquête sur la mort du chef suit son cours
Le successeur du défunt ne pourra être désigné qu’après le verdict.
L’affaire, qui est enrôlée au tribunal de grande instance de Mbouda, traîne. Six personnes, soupçonnées du meurtre de l’ancien chef de Batcham, ont été appréhendées au début de l’enquête. Certaines d’entre elles ont été relaxées entre-temps. Il s’agit, selon des sources proches de la justice, des veuves Adolence Beaudelaine Floriane Manang, Mathilde Nogning et de Samuel Yemsa, notable à la cour royale de Batcham.
Parmi ceux qui demeurent incarcérés à la prison de Mbouda, il y a  Simon Gnognem, le secrétaire du défunt chef,  Etienne Metino, dit Tamboué, qui officiait comme serviteur du chef à la cour royale de Batcham, et Aimée Kagou, la veuve chez qui le chef a rendu l’âme, dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 décembre 2007.
La thèse de l’assassinat par empoisonnement a en effet été plusieurs fois évoquée au lendemain du décès du Fô francis Hervé Sonkoué Tatang. Certains, certes, ont pensé que le chef avait rendu l’âme de manière naturelle, à la suite d’un choc cardiaque. D’autres ont même évoqué la thèse de la sorcellerie. Pour ces derniers, il était inexplicable que ce jeune et vigoureux chef, né en juillet 1971  et qui a accédé au trône le 29 avril 2001, meure d’une façon aussi subite. Les partisans de la thèse de l’empoisonnement ont été confortés dans leur position lorsque l’enquête policière a révélé que le défunt chef avait beaucoup vomi et perdu beaucoup de sang par les oreilles et les narines.
HF
 
L’insécurité fait son lit
Les agressions se sont multipliées depuis les décès du chef et du sous-préfet.
L’insécurité s’est installée à Batcham. Les bandits visitent en moyenne sept domiciles chaque par jour dans les quartiers Baleghang, Bangwang, Balatchwet, et Tsinlegong. Personne n’est épargné. Des églises aux centres de santé, en passant par les domiciles privés, les bandits frappent partout. Pendant leurs passages, ils prennent tout ce qui les intéresse et, souvent, violent les jeunes filles qu’ils trouvent sur les lieux.
Le traumatisme est encore présent chez Veuve Feungang Marthe lorsque nous y arrivons. Elle a reçu la visite de ces bandits à deux reprises. La première fois, le  5 septembre 2010, veille de la rentrée scolaire, et la deuxième fois, le 1er octobre 2010. Ce jour-là, les bandits, qui ont constaté que la maîtresse des lieux avait renforcé la porte principale de son domicile, ont creusé patiemment un trou dans le mur afin d’accéder à l’intérieur de la maison.
Chaque fois, la veuve a été dépouillée. Les sept brigands, d’après elle, étaient chaque fois les mêmes. Ils sont repartis après avoir violé successivement la maîtresse de maison et ses 4 filles. Pour éviter pareille mésaventure, elle a installé un matelas au plafond de sa maison. Dès 18h 30, elle invite ses filles à grimper au grenier. Elles emportent l’échelle qui leur permettra le lendemain de redescendre.
Dans les deux brigades de gendarmerie de Batcham, les gendarmes nous ont assuré qu’ils ont une liste des présumes brigands.  Le poste provisoire de Baleghang compte 4 gendarmes et la brigade de Batcham, située au centre de la ville compte une dizaine d’hommes. Un effectif insuffisant pour contrôler la population de Batcham, évaluée à  45 000 âmes.
Dans les autres quartiers de Batcham, les habitants, sous la conduite des chefs de quartiers, ont instauré un système d’autodéfense. Une action qui a déjà fait ses preuves au quartier Bangwang, où l’insécurité, d’après le chef de ce quartier, a reculé.  
Honoré Feukouo
 
Réactions
Révérend Tambe Essaïe, pasteur de l’église évangélique du Cameroun paroisse de Bamessang : « J’ai été agressé»  
Ce sont les torches qui m’ont réveillé. C’était dans la nuit du 2 au 3 octobre 2010. J’ai été surpris dans mon sommeil par des torches braquées sur mes yeux. Tout ce que j’ai remarqué c’était le bout d’une arme de fabrication traditionnelle posée sur ma joue. Les inconnus en face de moi m’ont demandé l’argent que j’avais. Ils ont insisté sur les sommes de la collette, donnant même des chiffres. Ils paraissaient bien renseignés. Je leur ai dit que je ne gardais rien chez moi. Ils ne m’ont pas cru. Ils ont fouillé la maison de fond en comble et ont emporté une somme de 180.000 Fcfa que je venais de retirer pour la scolarité des enfants. A la fin, ils ont choisi, parmi les livres, ceux qui étaient précieux et coûteux. Ils ont aussi emporté beaucoup d’autres choses. Je m’évertuais juste, pendant leur fouille, à les entraîner loin de la chambre où se trouvait mon épouse. Lorsqu’ils sont repartis en me promettant de revenir, j’ai constaté qu’il était 2h30 à ma montre.

Albert Kazé dit Mbeleng, chef du quartier Bangwang : «La mort du chef est la principale cause de l’insécurité»
C’est après la création du poste provisoire de Baleghang, il y a bientôt trois ans, que l’insécurité a pris des grandes proportions à Batcham. Il faut préciser que c’est presqu’à la même période que le vide s’est installé à la chefferie. Pour moi, c’est la mort du chef qui est la principale cause de l’insécurité. Après plusieurs coups au cours desquels les groupes de bandits volaient tout et violaient les femmes, nous avons cru bon de nous réunir au quartier pour nous défendre. Les populations ont adhéré à l’idée après la nuit du samedi 5 Septembre 2010. Cette nuit-là, les bandits ont opéré dans 11 domiciles au quartier Bangwang. Nous avons formé un comité de vigilance. Il y a des équipes qui surveillent le jour, et  d’autres qui veillent la nuit. Depuis que nous avons commencé à arrêter nous-mêmes ces bandits, ils ont cessé de venir dans le quartier. Ils se contentent d’opérer dans les quartiers voisins. Le seul problème pour nous c’est que les bandits que nous saisissons, même la main dans le sac, et que nous conduisons à la gendarmerie, se retrouvent en liberté le lendemain.
Propos recueillis par
 H F