mercredi 10 novembre 2010

Sdf: Le parti de John Fru Ndi perd ses cadres


Bamenda : John Fru Ndi parle de Pierre Kwemo et de Kah Walla
Le sujet des démissions, qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour du Nec, a cependant été au cœur de certains échanges entre les membres du parti.  
C’est comme si les cadres du Sdf s’étaient passé le mot avant l’ouverture des travaux  du comité exécutif national  (Nec, en anglais).
Les récentes démissions survenues au sein du parti (Pierre Kwemo, Kah Walla) n’étaient pas à l’ordre du jour des travaux. C’est pourtant le Chairman Ni John Fru Ndi en personne qui, le premier, en a parlé. Lors de l’ouverture officielle des travaux à laquelle les journalistes ont été admis, il a évoqué les démissions de Nguenevit, ancien député Sdf dans la Menoua et ministre des finances dans le Shadow Cabinet du Sdf, de Kah Walla, qui présidait la commission des stratégies du parti et de Pierre Kwemo, ancien Premier vice-président national, qui est venu personnellement lui signifier son départ.
Il a commencé par le cas de Kah Walla, en présentant une lettre qu’il dit avoir reçue de cette dernière. Dans son contenu, tel que le résume Ni John Fru Ndi, «Kah Walla confirme qu’elle est toujours militante du Sdf, membre du Nec et présidente de la commission de stratégie du parti, alors qu’elle a convoqué toute la presse et l’opinion d’en face pour annoncer pompeusement sa démission.»
Ce sujet a été également évoqué avec passion, lorsque les présidents provinciaux et des commissions élaboraient leurs bilans pour la préparation du congrès qui va permettre en février 2011 de désigner le candidat du Social Democratic front (Sdf) pour la prochaine élection présidentielle et permettre de mettre sur pied le nouveau bureau exécutif du parti. Certains délégués du Littoral n’ont pas manqué publiquement d’évoquer une certaine haine entre les cadres du Sdf Littoral, qui a poussé des personnes qui n’ont pas qualité à annoncer publiquement l’exclusion d’une militante au lieu d’attendre la décision du Nec.
Les autres démissions ont été évoquées avec amusement. «Il y a des gens qui se sont auto-exclus plusieurs fois, qui sont revenus et ont été acceptés comme nous le faisons toujours dans le parti. Nous attendons ce qu’ils vont faire à présent. Pierre Kwemo, qui est un statisticien, n’a jamais rien apporté de son domaine de compétence au parti. Comme député et membre influent du parti il a plus contribué à la division qu’a la construction du Sdf», lance le chairman du Sdf. Sur le dossier Elecam, le point de vue du Sdf demeure le boycott, qui devrait se durcir, si rien n’est fait dans les prochains mois. Le Nec a aussi tenu à faire savoir sa position sur les problèmes qui déchirent le Cameroun actuellement.  La pandémie du choléra et la flambée des prix des produits des produits de première nécessité, comme le sucre et le poisson, ont été commentés comme les échecs d’un gouvernement dépassé par la gestion des besoins prioritaires du pays.
Honoré Feukouo,
 à Bamenda

Le Nec esquive les démissions
Les cas Pierre Kwemo et Kah Walla n’étaient pas prévus à l’ordre du jour de la réunion du National Executive Commitee du Sdf samedi dernier.
C’est avec une cinquantaine de personnes, moins que par le passé, que la réunion du Comité national exécutif (Nec) du Sdf a débuté samedi 30 octobre dernier vers 11h30. Il était pourtant prévu plus tôt ce matin-là. Rarement on a vu autant de sièges vides au début d’une telle réunion. Dans la salle, Me Mbah Ndam, par exemple,inscrit parmi les présents, n’a pas été aperçu de la journée. Le député Jean Michel Nintcheu, président régional du Sdf dans le Littoral, arrivé tardivement, a été accueilli par des chahuts. Les plus assidus à la réunion de samedi ont justement été les membres venus de la région du Littoral.
Tout au long des travaux qui se sont déroulés sans interruption, on a, à plusieurs reprises, vu des groupes de trois ou quatre personnes sortir pour de longs conciliabules. Chacun s’éloigne cependant des journalistes. «Ne passez plus à mes côtés, le Chairman va me considérer comme celui qui donne les informations sur le Sdf à la presse», lance un membre du Nec, habitué pourtant à plaisanter avec les journalistes.
Décontracté, du haut de son siège, le Chairman Ni John Fru Ndi lance des blagues de temps à autre ? Dès qu’il quitte la salle, il ne manque pas de taquiner quelques personnes et il invite un de ses proches collaborateurs à faire rentrer dans la salle ces membres du Nec qui créent d’autres réunions à l’extérieur.
De l’extérieur où ils sont cantonnés, les journalistes entendent régulièrement des voix monter à l’intérieur de la salle des réunions de Ntarinkon. Les applaudissements se font parfois entendre également. A chaque fois, c’est la cloche du Chairman qui ramène l’ordre dans la salle. «Les débats traînent en longueur, alors que le programme est fort chargé», constatent ceux qui sortent pour souffler. Dans le programme, la part belle est donnée au rapport des commissions et des présidents régionaux, afin qu’ils parlent de l’état du parti dans leurs localités et des préparatifs du congrès de février 2011. Au cours de celui-ci, il est prévu l’élection du nouveau bureau national du Sdf et, éventuellement, le choix du candidat du parti à l’élection présidentielle (au cas om le Sdf y participe).  Le nombre des membres du Nec qui sorte de la salle pour «souffler» augmente lorsque Me Mbami prend la parole pour aborder le point sur les finances.  Tout se passe comme si l’on veut passer sous silence les récentes démissions. Pourtant, c’est le sujet qui revient sans cesse et qui est vivement débattu à l’extérieur. Parmi les accusés, Jean Michel Nintcheu.
Honoré Feukouo, Bamenda

Ni John Fru Ndi  :  «C’est un faux débat pour nous»
Le Chairman considère que les démissions de Kah Walla et de Pierre Kwemo ne sont pas importantes dans la vie du parti.
Vous n'avez pas voulu, au cours de la réunion du Nec, mettre en avant la démission de trois hauts cadres du parti. Pourquoi ?
Il y a des gens qui ont été frappés plus de trois fois par le 8.2, qui n'étaient plus véritablement des partisans, et ceux qui se sont auto-exclus et qui n’apportaient rien au parti, qui veulent se faire voir tout d'un coup et faire sensation. Je prends le cas de Pierre Kwemo, qui est parti et est revenu au moins trois fois par le passé. C’est un statisticien de formation. Mais il n’a jamais rien apporté au parti. Même pas lorsqu’il était député. C’est la même chose pour Nguenevit, qu’on ne voyait plus depuis longtemps, jusqu'à ce qu’il renaisse par cette lettre de démission. Pour le cas de Kah Walla, je l’apprends par vous. A ce que je sache, nous n’avons pas reçu de lettre de démission venant d’elle. Ces démissions que vous évoquez sont de faux débats pour nous. Au Sdf, on veut voir comment  construire le pays. Il  y a l’insécurité dans notre pays, que ce soit au niveau de la vie physique des personnes, que ce soit sur le plan alimentaire, avec la vie chère, que ce soit sur le plan de la santé, avec le choléra et autres ; c’est tout cela qui devait nous préoccuper actuellement.
Paul Biya, le président de la République, sera bientôt à Bamenda. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je constate, pour l'instant, que le palais des congrès de Bamenda a été transformé en une sorte de lieu de commerce où les gens confectionnent toutes sortes de gadgets qu’ils vendront à cette occasion. Je peux déjà vous dire que  la venue de Paul Biya, qui vient célébrer l'armée, a lieu alors que la ville de Bamenda est dans une insécurité totale. Il y a des bandits qui attaquent partout, menacent tous les opérateurs économiques de la ville. En bref, nous sommes dans une insécurité totale.
Propos recueillis par HF,
 à Bamenda

20 ans et des départs en cascade
Certains cadres du parti ont démissionné pour exprimer leurs divergences de vues, d’autres ont été poussés à la porte par le fameux 8.2.
Le Social Democratic Front (Sdf) a vingt ans et d’innombrables déchirures. La démission de son 1er vice-président, Pierre Kwemo, en fin de semaine dernière, vient s’ajouter à plusieurs autres départs qui ont marqué l’histoire du principal parti de l’opposition camerounaise. S’il y a eu des départs sans grands remous, certains, de par la qualité des personnes concernées et les fonctions qu’elles occupaient ont constitué des tournants de l’histoire du Sdf qui, pourtant, est resté à sa place, comme son chef, le Chairman Ni John Fru Ndi.
Il y a eu les premiers mécontents, au rang desquels on peut citer Siga Asanga, Dorothée Kom, Charly Gabriel Mbock, Edouard Tankwé, qui ont critiqué des mesures du Chairman. Ils ont dû par la suite quitter la barque, en avril 1995. Pour avoir organisé un forum de réflexion à l’intérieur du parti, ils avaient été frappés par le fameux 8.2. Au sein du parti, on parle d’auto-exclusion. L’on perd, d’après les statuts du Sdf (article 8, alinéa 2), sa qualité de membre «à la suite de démission, du retrait volontaire ou pour appartenance à un autre parti politique, ou pour des engagements susceptibles de nuire à la réputation, aux intérêts et à l’efficacité du parti ou pouvant discréditer le parti».
D’autres cadres du parti en seront également victimes plus tard. Pour des raisons similaires. Basile Kamdoum et l’ancien député Jean Pierre Tchoua, d’abord, Souleymane Mahamat, Léolin Nja Kwa, ancien maire de Douala 1er et président provincial du Sdf, et de Moukouri Manga Bell, ancien député et membre de la cellule des conseillers ou encore Tazoacha Asonganyi, l’ancien secrétaire général du Sdf.
A côté de ces cas d’exclusion, il y a les démissions, moins nombreuses, mais qui méritent également d’être évoquées. La plus spectaculaire fut celle, collective, Saidou Maidadi Yaya, ancien 1er vice-président du SDF, Evariste Fopoussi Fotso, ancien secrétaire national à la communication du Sdf, Samuel Tchwenko, membre fondateur du parti et Yves Epacka, membre du conseil exécutif national. L’ancien président provincial du Social Democratic Front (Sdf) pour le Centre, Sani Alhadji, quittera lui aussi les rangs du parti.
L’Alliance des forces progressistes (Afp) naîtra ainsi de la scission au sein du Sdf. En août 2002 en effet, Saidou Maidadi Yaya, Evariste Fopoussi Fotso, Samuel Tchwenko et Yves Epacka créent leur nouveau parti à Limbé. Certains des démissionnaires de l’époque, à l’instar d’Evariste Fopoussi, sont entretemps revenus dans les rangs.
Jules Romuald Nkonlak

Joshua Osih :  «Nous n’avons pas reçu de démission formelle de Kah Walla»
Le vice-président du Sdf a tenu, en lieu et place du chairman, le premier point de presse du Nec.
Est-ce que cette réunion du Nec, qui constate des démissions dans vos rangs, fait de vous le 1er vice président Sdf de fait ?
Ecoutez, la convention du parti a lieu en février et donc, en février,  vous saurez qui a été élu et à quelle place, parce que les résultats sont presque instantanés.
Que dit le Sdf par rapport à la démission des membres du Shadow Cabinet et de Kah  Walla?
 Je noterai déjà ici que nous n’avons pas reçu de démission formelle de Mme Kah Walla. Nous avons reçu des lettres de démission de l’honorable Pierre Kwemo et de l’honorable  Nguenevit. Ce ne sont pas des problèmes prioritaires. Je vous rassure que le problème du Cameroun est ailleurs. Comme je le disais tantôt, ceux qui veulent faire diversion se trompent d’adversaire.
Quelle est la position du Sdf sur la visite imminente du président de la République à Bamenda?
S’agit-il d’une visite civile, militaire ou d’une visite mixte ? Je crois que le ministre de la Défense a été assez clair là-dessus. Que le président visite une partie du Cameroun, c’est son devoir, il est président de la République, il est président de toute l’étendue du Cameroun et donc, pour nous, ce n’est pas un évènement majeur. Ce qui est un évènement majeur, c’est le fait qu’il ne visite jamais son propre pays.
Est-ce que le présent Nec a permis au Sdf de réviser sa position sur le dossier Elecam?
Je pense que notre position est claire : nous voyons l’embrouille qu’il y a au sein d’Elecam à travers le conflit entre le conseil et la direction générale. Nous pensons que, tôt ou tard, nous devrons commencer à penser au processus électoral. Vous savez, au Cameroun, Elecam et son Rdpc ou encore le Rdpc et son Elecam -parce que c’est blanc bonnet, bonnet blanc- essayent de nous faire croire qu’il y a un problème d’inscription, qu’il y a un problème à aller de l’avant.  Ils essayent de vendre l’illusion d’une élection présidentielle. Nous voulons ramener le débat sur un processus électoral et nous disons à tous ceux qui essayent de tromper la vigilance des Camerounais, en promettant le paradis, que pour atteindre le paradis, il faut d’abord mourir. Donc, nous sommes dans notre logique, nous sommes dans notre processus. Je pense qu’on  va plutôt radicaliser notre position si rien n’est fait d’ici peu. 
Propos recueillis par
Honoré Feukouo,
 à Bamenda

Votre avis
Emmanuel Tagne Ngueko, vice-président provincial du Sdf à l’Ouest
Parlant de la démission des membres du Nec de l’Ouest, je peux quelque peu regretter la démission de Nguenevit. C’est toujours difficile de perdre un camarade, un homme avec qui on a cheminé, une personne qui a combattu à vos côtés. Bon, c’est la vie ! C’est aussi cela la démocratie au sein du parti. C’est, au contraire, pour nous une bonne chose d’entendre parler de la démission de l’honorable Pierre Kwemo. Je peux vous assurer que les militants, au niveau du Haut Nkam, tout au moins, sont plus épanouis. Ils travaillent avec plus de sérénité, sans une forte menace dans le dos. Je ne vous apprends rien, puisque vous-même vous savez les problèmes qu’il a créés au sein du parti, dans la région de l’Ouest. On allait sans cesse de divisions en procès, sur les quels je ne peux pas m’étendre maintenant. Je peux tout simplement dire que le Sdf, à l’Ouest, se reconstruit très bien et se porte tout aussi bien. Vous êtes régulièrement avec nous sur le terrain pour le constater.

Evariste Fopoussi Fotso, ministre de la communication du Shadow Cabinet du Sdf
En ce qui concerne la démission de Kah Walla, notre position est assez claire. Nous n’avons encore reçu aucune lettre de démission. Elle continue donc d’être une militante du Sdf. Pour son dossier tel qu’il a été étudié et tranché par certains à Douala, nous rappelons aussi que toutes les procédures disciplinaires sont suspendues jusqu’au lendemain du congrès. C’est une décision prise depuis quatre mois, et tout ce qui est survenu après n’est donc pas valable.

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