jeudi 22 décembre 2011

point de vue sur la fibre optique au Cameroun exposé du ministre des postes lors d'un conseil de cabinet ministériel en 2009

Exposé du Ministre d'Etat Ministre des Postes et télécommunications sur le thème : "Opportunités qu’offre l’utilisation de la fibre optique au Cameroun"
Le Ministre d'Etat, Ministre des P&T, Bello Bouba Maïgari, en conseil de cabinet
Excellences
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Messieurs les Vices-Premier Ministre,
Messieurs les Ministres d’Etat,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
C’est avec un réel plaisir que je voudrais exposer sur les opportunités qu’offre l’utilisation de la fibre optique dans notre pays.
Après une brève description de ce médium que constitue la fibre optique, je présenterai l’état des lieux du déploiement de la fibre optique au Cameroun, suivi des opportunités offertes et du niveau de réalisation des objectifs du SMSI. Je décrirai ensuite l’architecture globale de l’intégration du réseau national en fibre optique à l’intérieur des réseaux sous-régional et régional africains, avant de conclure sur le phasage du déploiement du réseau dorsal camerounais et les perspectives d’avenir prometteuses.
I- INTRODUCTION A LA FIBRE OPTIQUE
La fibre optique est un support de transmission des signaux de téléphone, de l’Internet, des données, de la télévision et de la radiodiffusion.
Au plan physique, elle se présente sous la forme d’un fil en verre dont le diamètre a  la taille d’un cheveu. Elle est supérieure aux autres supports de transmission des signaux tels que le satellite, le faisceau hertzien et les câbles coaxiaux ou en cuivre au triple plan de la qualité, de la capacité et de la durée de vie. En effet, la fibre optique offre la meilleure qualité de transmission qui soit.
Au plan de la capacité, et pour prendre l’image du transport routier, je dirais que la fibre optique est assimilable à une autoroute à 30 voies par sens tandis que les autres moyens de transmission sont soit des routes soit des pistes.
La durée de vie de la fibre optique est d’au moins quarante ans alors que celle des autres moyens de transport des communications varie entre sept et quinze ans.
Après ces données sur les qualités de la fibre optique, il faut préciser que la fibre est un élément du réseau mais un élément déterminant, je dirais incontournable de nos jours, pour la modernisation et le développement du réseau des télécommunications et TIC.
II- ETAT DES LIEUX 
Vous me permettrez donc de vous situer sur notre réseau de télécommunications.
Notre réseau de télécommunications comporte trois (03) sections à savoir : la section transport de signaux entre les villes et vers l’international, la section intelligente qui aiguille les communications vers leurs destinations et la section transport des communications vers l’abonné.
  • La section transport de signaux entre villes et vers l’international, appelée backbone, combine généralement trois éléments : Le faisceau hertzien, le satellite et la fibre optique ;
  •  La section intelligente est constituée des centraux téléphoniques tous numérisés aujourd’hui;
  • La section transport des signaux vers l’abonné utilise le fil de cuivre, la fibre optique et le réseau sans fil.
Pour le moment, notre backbone national est constitué en grande partie par le faisceau hertzien qui non seulement est éclaté, chaque opérateur ayant son propre réseau, d’où le prix élevé des communications (à titre d’exemple, le Sénégal, qui a pu fédérer tous les réseaux des opérateurs existants, a bénéficié de plus de 50 milliards de FCFA de dividendes en 2007, versés par l’opérateur historique Sonatel, l’alter ego de Camtel), mais en plus offre de très faibles capacités au regard des besoins nationaux. Le satellite est très coûteux pour le transport interurbain des signaux de télécommunications.
La fibre optique dont l’introduction est récente dans notre pays, équipe en ce moment une très faible portion du backbone national et du réseau d’accès.
Le déploiement de la fibre optique dans notre pays se présente ainsi qu’il suit :
  • 01 point d’atterrissement du réseau sous marin SAT-3 à Douala ; 
  • 900 km le long du pipe-line Tchad-Cameroun avec ses 14 points  de sortie activés ;
  • 170 km entre Douala  et Kribi par Edéa avec 2 points de sortie activés ;
  • 115 km entre Kribi et Lolodorf.
  • Une boucle locale en fibre optique à Yaoundé et une autre à Douala.
La pose de la fibre optique entre Douala– Bafoussam et Yaoundé est exécutée aux deux tiers.
III- OPPORTUNITES 
La construction d’un backbone national à fibre optique qui devra desservir tous les chefs lieux d’arrondissement au moins, apportera au terme de sa réalisation, beaucoup d’avantages à notre pays et à son économie.
J’aimerais rappeler que la fibre optique est le meilleur moyen de transport de communications en termes de qualité de communications, de capacités offertes, de coût d’exploitation et de durée de vie.
La construction du réseau de transport de communications en fibre optique offrira à notre administration, aux opérateurs de télécommunications que sont la CAMTEL, MTN et ORANGE, aux opérateurs de radiodiffusion et de télévision, aux banques, aux grandes entreprises nationales et aux distributeurs des services de télécommunications, les capacités nécessaires pour développer leurs activités dans des conditions sereines.
1) La gouvernance électronique
La mise en place du backbone facilitera la  circulation de l’information à l’intérieur des services de chaque administration et entre les administrations et dans le contexte de la décentralisation, entre Yaoundé et les Régions. Ce qui va entraîner des économies en consommables bureautiques et en temps de traitement des dossiers.
Les exemples palpables pour illustrer ce fait sont : L’interconnexion des réseaux SIGIPES et des Contrôles financiers, sécurisés par l’infrastructure à clés publiques (PKI).
En effet, mon département ministériel a mis en place  une infrastructure à clé publique (PKI) qui permet de sécuriser les échanges électroniques et de certifier les transactions sur le réseau. Son déploiement  pour améliorer la délivrance des documents tels que le permis de conduire, les cartes d’identités, les passeports et des visas par exemple et assurer la confidentialité et l’intégrité des actes de l’Etat, sera facilité avec la disponibilité du backbone national à fibre optique et la mise en œuvre de la convention de partenariat que je viens de signer avec un consortium de droit camerounais ayant un partenaire stratégique coréen.
Le backbone national à fibre optique permettra également, de développer une gouvernance électronique dans notre pays, en donnant aux citoyens y compris ceux qui sont dans les arrondissements et les villages, la possibilité d’accéder, dans des meilleures conditions, aux services de l’Etat, sans avoir à se déplacer à Yaoundé, dans les chefs lieux de région et de département et même dans les bureaux. Dans ce cadre, les administrations et institutions publiques, les écoles, les lycées et collèges, les universités, les hôpitaux et les entreprises connectés au réseau,  pourront offrir leurs services en ligne. C’est ainsi que les citoyens pourront par exemple effectuer rapidement et en toute sécurité leurs opérations douanières sans avoir besoin de se déplacer chez le transitaire et dans les bureaux de douane, gérer leurs carrières et suivre leurs dossiers dans l’Administration plus facilement.
La connexion, dans le cadre du projet SIGIPES susmentionné, de 26 administrations par la fibre optique, et celle en cours de l’Assemblée nationale et de neuf autres départements ministériels, est un pas important dans la mise en œuvre de la gouvernance électronique dans notre pays. Ces actions doivent se poursuivre d’une part par la construction dans chaque département ministériel d’un réseau local unique et normalisé permettant l’échange des services de télécommunications, informatiques, Internet, la radiodiffusion et la télévision, et d’autre part par la révision des procédures administratives pour les adapter à l’environnement électronique, le développement et la mise en ligne des services. Il est par conséquent urgent et nécessaire de mettre en place une structure pour coordonner ces actions fort complexes.
2) Les services électroniques
Notre réseau à fibre optique permettra aussi de développer et de rendre accessible sur tout le territoire national, l’ensemble des services basés sur les communications  électroniques, tel que prescrit par le Chef de l’Etat au sujet de l’accès généralisé à l’Internet. Il s’agit :
  • du télé-enseignement ;
  • de la télémédecine ;
  • du commerce électronique ;
  • de l’administration électronique ;
  • de la banque électronique ;
  • etc…  
3) Attrait des investissements
Par le passé les investisseurs portaient leur choix sur les pays qui disposaient de codes ou chartes des investissements généreux, des infrastructures portuaires, routières, ferroviaires et électriques de qualité. De nos jours, ces conditions ne sont plus suffisantes. La présence d’un réseau de télécommunications de qualité est devenue un critère capital à cet effet.
Les investisseurs seront attirés dans notre pays dès lors qu’il offrira les communications de très bonne qualité sur tout le territoire national, ce qui sera le cas avec la construction du backbone national en fibre optique. En effet, les communications sont vitales pour les entreprises qui doivent communiquer en temps réel avec leur maison mère, leurs partenaires commerciaux, suivre l’évolution des cours en bourse ou faire le commerce en ligne. La fibre optique est seule capable d’offrir le haut débit requis pour tous ces besoins. 
IV- REALISATION DES OBJECTIFS DU SMSI ET REDUCTION DE LA PAUVRETE
La mise en place de la fibre optique dans tout le réseau national de transport de communications permettra de poser les bases d’une société de l’information inclusive dans laquelle chaque citoyen aura pleinement accès aux moyens de communication.
La baisse des tarifs des télécommunications sera une autre conséquence heureuse de la mise en place du backbone national  en fibre optique, en raison de son très faible coût d’exploitation par rapport au faisceau hertzien et au satellite.
Le développement du secteur des télécommunications connaîtra également une croissance rapide car le blocage technique, dû à l’absence actuelle des capacités de transport des communications pour les opérateurs de télécommunications et les entreprises, sera levé, tandis que la concurrence dans le secteur sera stimulée du fait que tous les opérateurs seront mis sur un même plan d’égalité en matière d’accès aux ressources de transport des communications.
Nous escomptons à cet effet un triplement du chiffre d’affaires du secteur des télécommunications qui est de 450 milliards de francs à l’heure actuelle après la construction du backbone national à fibre optique. Il s’en suit que dans ce développement, l’Etat tirera un bénéfice substantiel en matière d’impôts et de TVA sur les services de télécommunications. Par ailleurs, plusieurs entreprises seront créées pour commercialiser les services, ce qui aura pour corollaire le développement de l’industrie des services et la création de milliers d’emplois directs et indirects et le recul de  la pauvreté dans notre pays.
Les télécentres communautaires polyvalents et les centres multimédia dans les lycées seront viables tandis que les projets à fort impact tels que le projet indien d’interconnexion des hôpitaux de référence et le réseau interuniversitaire auront une meilleure visibilité.
V- INTEGRATION SOUS-REGIONALE ET REGIONALE:
La construction du backbone national à fibre optique favorisera l’intégration sous régionale et régionale, tels que préconisés par le NEPAD. En effet, avec sa réalisation, le segment national du réseau sous régional de télécommunications appelé à favoriser les échanges entre les pays de la sous-région en l’occurrence le Tchad, la République Centrafricaine, le Gabon, la Guinée Equatoriale et les deux Congo, sera effectif. Notons que les deux Congo sont en pourparler avec le Cameroun pour les connecter au point d’atterrissement du SAT3 à Douala via le câble WAFS. Douala devient ainsi une plate forme de connexion de l’Afrique Centrale. De même, cette infrastructure offrira une interconnexion avec l’Afrique orientale à travers le Soudan ce qui permet au Cameroun de devenir également le centre de transit entre l’Asie et l’Amérique.
Il convient de souligner que la fluidité des communications sur tout le territoire national, rendue possible par le réseau à fibre optique, constituera un atout pour vendre la destination Cameroun sur la toile et faire de notre pays une destination touristique de prédilection.
En définitive cette infrastructure viendra soutenir notre économie dans son ensemble.
VI- PERSPECTIVES ET PROJECTIONS 
La réalisation du backbone national en fibre optique se fera en trois (03) phases. Cette opération est estimée à 350 milliards de francs cfa.
Dans la phase 1, tous les chefs lieux de régions, les universités et les grands pôles de développement identifiés (les barrages de Lom Pangar et Nachtigal, le gisement de fer de Mbalam, la bauxite de Mini-Martap et de Fongo Tongo) seront connectés.
La 2ème phase verra la connexion des chefs lieux de départements.
Et la 3ème phase portera sur la connexion des chefs lieux d’arrondissements et des localités importantes.
Les trois (03) phases devraient s’exécuter dans un délai de trois (03) ans.
Pour réaliser ce réseau de manière économique et efficace, il est nécessaire de créer une société d’infrastructure qui aura la responsabilité de construire et d’exploiter cette infrastructure. C’est pourquoi la création de SITELCAM qui assumera ce rôle revêt pour moi un caractère essentiel. Les études de faisabilités y afférentes montrent la rentabilité de cette entreprise.
SITELCAM donnera à l’Etat le moyen de contrôler les communications internationales et donc de mieux assurer sa sécurité et sa souveraineté, ce qui est observé par ailleurs dans les pays aussi libéraux que les Etats-Unis.
En conclusion,
Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Je vous dirais que les télécommunications sont à l’heure actuelle la deuxième industrie mondiale, juste après le pétrole. Le développement de cette industrie   repose sur une infrastructure de transport en fibre optique. Pour construire cette infrastructure de manière efficace et économique dans notre pays, et compte tenu d’une part de l’évolution technologique et des services, et d’autre part du principe de la séparation des cœurs du métier de transporteur de celui de la fourniture des services, la création de SITELCAM, qui établit et exploite le réseau national de transport en fibre optique, l’accès satellitaire et les points d’échanges, vise à nous faire tirer les bénéfices de tous les avantages susmentionnés.
Les missions de CAMTEL seront dans ce cas revues pour permettre à cette société de se consacrer au développement et à la commercialisation des services tout comme les autres opérateurs des télécommunications.
C’est là, me semble-t-elle la solution qui s’impose pour le développement de l’économie de notre pays à travers celle des télécommunications et TIC.
Je vous remercie de votre aimable attention./-

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