Les affaires juridiques aménagées
Dschang. Les forces et faiblesses du système judicaire mis à nu.
Rapprocher l’institution
judiciaire des justiciables. Tel est l’esprit des reformes judiciaires opérées
au Cameroun. Ainsi, le Cameroun a accru le nombre de ses magistrats, qui sont
1152, avec 1044 en service dans les juridictions et les autres en détachement.
La création du tribunal criminel spécial, la limitation du nombre de renvois à
quatre au plus pour les matières pénales et à deux pour les autres, ainsi que
la multiplication des audiences foraines, sont activées dans ce sens. Stève
Tallyng magistrat, substitut du procureur de la république près des tribunaux
de première et de grande instance de la Menoua et doctorant en droit, a défendu
ce réquisitoire avec pour thème «l’esprit des reformes judiciaires : la
recherche d’un rapprochement sans cesse croissant de l’institution judiciaire
du justiciable». A sa suite, des questions ont fusé avec inquiétude sur
l’embourgeoisement du personnel judiciaire, la longueur des procédures et leur
incohérence observée avec les lunettes du public qui s’inquiète de la qualité
de la justice rendue au Cameroun et en Afrique. D’autres thèmes d’exposés
centrés l’harmonisation du code de la famille dans les pays Africains aux réalités
locales et le bousculement du code international qui veut imposer ses règles en
Afrique, tout comme les mêmes bousculades du système commercial international
qui s’impose au système Ohada, ont été évoqués et débattus avec passion.
C’était lors du colloque centré sur «la reforme du droit privé en Afrique», qui
s’est déroulé du 13 au 14 novembre 2014 à l’université de Dschang.
Organisé par le laboratoire
d’études et de recherches sur le droit et les affaires en Afrique (Lerda), près
de 14 communications ont été délivrés par les experts du droit venus du
Cameroun, du Congo, de la Rdc, du Sénégal de la France et d’autres pays
Africains. Il était question selon le Pr Brigitte Djuidje Chatué présidente du
Lerda et du comité d’organisation, «d’envisager, de faire une analyse critique
des reformes de droit privé intervenues en Afrique depuis déjà quelques années
pour essayer de voir leur efficacité,
voir si ça correspond aux conceptions qu’on a du droit privé en général, sans
oublier les valeurs propre à l’Afrique et au Cameroun en particulier »
Ceci parce que «il y a de nombreuses reformes en matière de droit privé. Mais
les reformes sont disséminées. C’est-à-dire qu’il n’y a pas une ligne
directrice. Ça fait qu’à force de multiplier les reformes, il y a des
contradictions entre les textes ». Prônant des reformes évolutives, Alvine
Henriette Assembe Ndi présente comme une arme fatale, l’ordonnance de mars 1962
portant régression de la subversion au Cameroun. Cette arme fatale selon cette
historienne du droit, qui est utilisée abusivement depuis 1990 par les pouvoirs
publics pour réprimer les opinions dissidente et museler les Camerounais, peut
en ces temps de soulèvements contagieux en Afrique, créer l’effet contraire à
celui recherché par ceux qui ont mis en place cette ordonnance.
Honoré Feukouo
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