mercredi 3 août 2011

Le RDPC se déchire à Bafoussam

Le gouverneur «censure» un meeting du Rdpc
Bafoussam. Samuel Dieudonné Ivaha Diboua a bloqué l’organisation d’une fraction des deux meetings du parti au pouvoir en clamant sa volonté d’empêcher tout trouble à l’ordre public.
 Une forte équipe mixte des forces de l’ordre, a entouré l’immeuble siège de la permanence du Rdpc à Bafoussam le jeudi 14 juillet 2011. Ces policiers et gendarmes, sur ordre du gouverneur, venaient «empêcher la matérialisation de la maison du parti Rdpc de Bafoussam». Pour le même motif, d’autres hommes en tenue ont empêché au même moment, le pavoisement de la place des fêtes de Bafoussam. Cette initiative visait à censurer l’organisation le vendredi 15 juillet à 15 heures, par deux groupes et à deux endroits différents, de deux meetings du Rdpc dans la ville de Bafoussam. C’est depuis une semaine que le message de certaines affiches, crée le trouble dans l’esprit des militants et des curieux habitants de la ville, capitale régionale de l’Ouest Cameroun. Le thème, d’une affiche à l’autre, annonce pour la tenue d’un «meeting pour un appel à la candidature de Paul Biya, pour qu’il se présente à l’élection présidentielle de 2011». Sur certaines affiches on lit que l’évènement organisé conjointement par les sections Oj Rdpc et Of Rdpc Mifi centre, va se dérouler à la maison du parti de Bafoussam. Les autres affiches annoncent que le même évènement organisé par le président de la section Rdpc Mifi centre, va se tenir à la place des fêtes de Bafoussam. Ces affiches se côtoyaient sur les barrières d’entrée de la communauté urbaine et à la permanence du Rdpc à Bafoussam. Après une forte pluie qui a contribué à retarder l’évènement s’est finalement déroulé le vendredi 15 juillet 2011. A côté du président de la république Paul Biya invité à briguer un nouveau mandat, chacun des douze intervenants du jour a tenu a féliciter le gouverneur de la région de l’Ouest qui a permis que cette rencontre se tienne finalement. Promu vedette en second du jour, Dieudonné Ivaha Diboua est celui qui a usé diplomatiquement pour l’organisation d’un meeting unique. Il a par exemple suggéré que les séquences folkloriques qui meublent régulièrement ce genre de manifestation soient mises de côté pour permettre à tous les intervenants de chaque fraction de prononcer un discours en trois minutes maximum. C’est pour cela qu’on a eu droit à plus d’une douzaine d’allocutions» nous confie un proche du gouverneur. Ce qui paraissait être une erreur du graphiste aux yeux de ceux qui lisaient les affiches les jours précédents, s’imposait ainsi comme une preuve de la division qui s’enlise au sein du Rdpc à Bafoussam.

Xénophobie?
La crise est désamorcée par le gouverneur. Après avoir imposé une ceinture de sécurité sur les sites prévu pour les deux manifestations, Dieudonné Ivaha Diboua convoque les organisateurs que sont les trois présidents de la section, à une séance de concertation dans son bureau. Ils vont y trouver entre autre,  Thierry Mimbang le chef de poste local de la Dgre de Bafoussam et l’hôte des lieux. Le gouverneur va instruire à son secrétariat, d’annuler tous ses rendez-vous jusqu’à ce qu’il finisse avec cette réunion de conciliation. Une séance qui a duré de 10 h à 13h30 minutes. Le président Jules Hilaire Focka Focka va reprocher à ses collaborateurs des organes annexes, d’avoir boycotté la tournée conjointe de réconciliation qu’ils devaient mener sur le terrain. Madame Achey Béatrice épouse Kenfack et Tchoutezo Hypolite respectivement  présidente de la section OfRdpc et président de l’OjRdpc à Bafoussam, vont expliquer qu’ils ont décidé d’œuvrer seuls parce que le président de la section a mené la tournée sans les consulter. La présidente de l’OfRdpc, a évoqué les messes noires et réunions sécrètes de déstabilisation qui se tiennent avec pour thème l’exclusion des allogènes. Des allégations que Jules Hilaire Focka s’est évertué  à démentir en affirmant sa volonté d’œuvrer avec tous les autres. Ce dernier a déploré l’insubordination de ses collaborateurs qui ne respectent pas sa qualité de chef politique dans la section. « Il n’est pas le seul chef politique. Nous devons travailler en concertation et non sous ses ordres. Mais il fonctionne comme si le parti n’avait pas de textes» clarifie l’un des cadres du Rdpc. C’est d’un ton autoritaire que le gouverneur a tranché le débat en menaçant d’utiliser des mesures draconiennes si désormais, le sujet de la xénophobie était encore évoqué à Bafoussam. Il a mis son poids en œuvre pour que parmi les orateurs, il y ait quelques porte-paroles des communautés originaires des autres régions du Cameroun qui prennent la parole à Bafoussam. Cette ouverture a été faite pour montrer que Bafoussam n’est pas une ville tribale. En rappelant que c’est le sous-préfet Bidja Didier de Bafoussam 1er qui dans l’embarras lui a refilé cette patate chaude, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua va menacer d’interdire la signature de toutes les deux demandes d’autorisation à manifestation publique sollicitées à la sous-préfecture de Bafoussam 1er et même le déroulement de ces évènements, s’ils n’arrivent pas à s’entendre pour organiser un meeting unique nécessaire en cette veille du congrès du Rdpc.
Désaccords perpétuels
Les deux demandes d’autorisations que le sous-préfet a reçu sur sa table entre le 5 et le 11 juillet, montrent le degré de mésentente au sein du Rdpc à Bafoussam. Les divergences demeurent nombreuses entre les présidents des trois branches du Rdpc à Bafoussam. Ce, en dépit de la réunion de réconciliation commandée par René Emmanuel Sadi le secrétaire général du comité central du Rdpc. Des résolutions avaient été adoptées lors de cette réunion de réconciliation organisée du vendredi 27 au samedi 28 mai 2011. Elles stipulaient entre autre que les présidents de l’Oj Rdpc, de l’Of Rdpc et du Rdpc de la section Mifi-centre à Bafoussam, devaient pour sceller cette réconciliation dès la base, organiser et effectuer, mutuellement une tournée au sein de toutes les sous-sections pour prôner un message de concorde. La réunion de mise en œuvre prévue pour l’organisation du programme de descente sur le terrain prévu pour le 07 juin 2011 ne s’est pas finalement déroulée faute de quorum. Sur les 38 personnes constituant les trois bureaux du Rdpc à Bafoussam, juste 11 membres étaient présents. D’après l’un des cadres de l’Of Rdpc, le président de la section est arrivé avec un long retard et présenté un programme déjà établi pour mener sa tournée avec le point de clôture prévu pour le samedi 16juillet 2011.
Honoré Feukouo



«Les différends viennent du fait que tous pensent à 2012»
Dr Joseph Kankeu. Enseignant en droit et chargé de mission au comité central du Rdpc, il apprécie la guéguerre qui règne au sein du Rdpc à Bafoussam.

La commission déléguée par le comité central pour réconcilier le Rdpc à Bafoussam le 27 et 28 mai 2011 n’a-t-elle pas échouée dans sa mission?
J’étais personnellement membre de cette commission conduite par le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi que le comité central a envoyé ici à Bafoussam pour écouter les différentes fractions et trouver un terrain d’entente. Je peux vous assurer que nous avons fait un travail de fond. Nous avons écouté tout le monde. Il faut quand même dire que les résolutions adoptées à la suite du travail de cette délégation, sont progressivement entrain d’être mises en pratique. Moi je pense qu’il faut encore attendre avant de parler de l’échec, ou d’une promenade de santé qu’on a faite ici. A mon avis, on a fait un travail sérieux, on a beaucoup consulté, on a écouté beaucoup de militantes et militants du Rdpc, on a suivi tout le monde et au niveau de la séance de restitution, on a même invité les militants de base qui sont venus suivre ce qu’on a fait comme travail. A mon avis, ces résolutions sont entrain d’être mises en place progressivement, et je crois que c’est une petite résistance qu’on est encore entrain d’observer, et je pense personnellement que cette petite résistance ne va pas tarder à tomber. Je le dis parce qu’on a véritablement insisté sur le fait que les militants du sommet à la base s’aident mutuellement et, s’évertuent à aplanir les montagnes d’incompréhension qu’il y avait entre eux. A mon avis c’est progressivement qu’on va voir que ces problèmes seront résolus.
Comment expliquer qu’il est autant difficile pour les trois sections de la Mifi de s’entendre que d’établir leurs sommiers politiques pour avoir ne serait ce qu’une idée en terme du nombre de militants cadres de la base du Rdpc localement ?
Moi je crois qu’il n’y a pas tellement de difficulté à établir le sommier politique dans le département de la Mifi. Les gens font la politique politicienne et cela ne peut aboutir qu’à l’échec. Je ne souhaite pas qu’il y ait échec à ce niveau là. Le président de l’Oj Rdpc Mifi centre a son sommier politique déjà établi et remis au sommet du parti. A mon avis, s’il y a encore des difficultés au niveau de certaines sections, et même de toutes les sections de la Mifi à établir le sommier politique, c’est la conséquence du fait que les gens pensent déjà aux élections locales de 2012 tant à l’intérieur du parti que sur le plan national et ils se positionnent au point de bloquer l’élaboration du sommier politique. Ce n’est pas la conséquence d’une mauvaise maîtrise de la capacité des militants au sein du parti comme vous avez semblé le laisser entendre. L’heure n’est pas à ce blocage là. Nous avons une élection présidentielle à gagner en cette année 2011. Si cette élection n’est pas gagnée, c’est un danger que je n’ose pas dire. Cette élection conditionne même les autres élections de 2012. Ils doivent pour l’instant, mettre l’accent prioritaire sur les  élections présidentielles d’Octobre prochain. C’est ce travail que nous devons abattre maintenant dans la Mifi, pour avoir l’avantage de préparer les autres élections en se basant sur la bonne construction effectuée actuellement, moment de l’élection présidentielle. On a besoin au sommet du parti pour l’instant, du nombre d’électeurs du Rdpc. C’est-à-dire le nombre de militants du Rdpc inscrits, qui peuvent voter le président Paul Biya le moment venu. Il ne faut pas que les gens laissent cette préoccupation, pour courir après leurs propres préoccupations, qui ne vont être effectives qu’en 2012.
Propos recueillis par Honoré Feukouo




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire