Le Sdf doit se déployer sur le terrain dès ce jour, afin d’inviter les citoyens camerounais à s’inscrire sur les listes électorales.
Cette résolution a été adoptée au cours de la réunion du comité exécutif national de ce parti qui s’est déroulé du samedi 6 au dimanche 7 aout 2011. C’est à l’issue de débats très engagés, parfois houleux, que la décision d’inviter les militants à s’inscrire sur les listes électorales a été adoptée. La cloche qu’utilise souvent le Chairman Ni John Fru Ndi pour ramener le calme dans la salle n’a aucunement servi pendant les débats. Avant le vote effectué à main levée, il y a eu des partisans de la thèse du boycott général des prochaines échéances électorales, qui ont été vite mis en minorité.
Plusieurs personnes se sont levées et ont rappelé le boycott de l’élection législative de 1992 qui avait, à cette époque, fortement affaibli le Sdf. Une fois que l’idée de la participation effective avait conquise les membres du Nec, il était question de voir comment ils allaient effectuer cette participation sur le plan pratique.
Quelques uns, ont souhaité que le Sdf reste campé sur ses positions et laisse faire. «C’est la meilleure manière de procéder. Nous n’avons jamais demandé aux citoyens de ne pas s’inscrire sur les listes électorales. Nous avons juste rappelé qu’avec Elecam dans sa configuration actuelle, il n’y aura pas d’élections au Cameroun », clame l’un des membres du Nec, et membre du Shadow cabinet du Sdf. Ila été verbalement remis en cause par le élus, majoritaires au Nec. «Il nous faut demander aux gens d’aller massivement s’inscrire sur les listes électorales pour montrer que nous en voulons juste à la mauvaise façon d’organiser les élections, tout en demeurant partisan d’une bonne démocratie. Ce sera aussi une occasion pour nous de présenter au public notre programme politique qui est le meilleur et le seul à même de sortir le Cameroun de son état de létargie actuelle.»
Clébert Hottou, le secrétaire général adjoint du Sdf, pour motiver cette volonté du Sdf de battre campagne pour l’inscription des Camerounais sur les listes électorales, parle avec les chiffres. «Le Minadt, avant le début de l’opération Elecam, parlait de 5 millions d’inscrits. Aujourd’hui, Elecam parle de 7 millions de personnes inscrites. Ils ont pu mobiliser 2 millions de nouveaux inscrits. Nous pensons que nous sommes à même de mobiliser 2 millions de personnes actuellement et en quelques semaines pour qu’on atteigne le cap de 9 millions d’inscrits sollicités par la communauté internationale pour crédibiliser les élections présidentielles. Mais n’oublions pas que ceux qui ne se sont pas inscrits, n’ont pas été démotivés par nous, mais par le processus électoral qui n’est pas crédible au Cameroun.»
Elecam
Elisabeth Tamandjong la secrétaire général du Sdf, se refuse toutefois de déclarer que le Sdf sera partant lors des prochaines élections présidentielles, se contentant de rappeler la bonne vielle formule du Sdf selon laquelle, «Il n’y aura pas d’élection présidentielle au Cameroun avec Elecam dans sa configuration actuelle». Très détendu, le Chairman s’est permis souvent des haltes pour aller recevoir dans son salon privé Jean-Jacques Ekindi du Mouvement Progressiste, Séverin Tchounkeu et même des membres de sa famille qui venaient lui rendre visite, avant de retourner dans la salle des travaux qui se déroulent dans sa résidence à Ntarinkon.
Ni John Fru Ndi qui n’est pas beaucoup intervenu pendant les débats, s’est contenté, à la fin des discussions, de dire que «ceux des militants du Sdf qui prenaient le risque de vouloir détruire l’unité et l’idéologie de parti et de sa majorité pour le triomphe de leurs ambitions personnelles, peuvent maintenant affuter leurs armes». Une déclaration prise comme l’ouverture de la campagne pour la candidature interne au sein du parti. Pour plus de détails, il a renvoyé tout le monde à la conférence de presse qu’il compte donner à Yaoundé ce mercredi.
Honoré Feukouo
Un congrès annoncé et attendu
Candidature. Il va permettre de désigner le représentant du parti lors de la prochaine élection présidentielle.
Le Sdf fonctionne quasiment dans l’illégalité. Les militants attendent l’organisation d’un congrès pour renouveler l’actuel bureau dont le mandat est déjà arrivé à expiration. En marge de ce congrès ordinaire, l’organisation d’un congrès extraordinaire demeure l’autre actualité. Il permettra de désigner le candidat du parti pour la prochaine élection présidentielle. «Nous allons organiser ce congrès. Le Sdf est l’un des rares partis, sinon le seul au Cameroun qui se réunit régulièrement et qui tient ses réunions statutaires à date », précise Elisabeth Tamadjong.
A ce jour, plusieurs noms circulent en interne, comme les potentiels candidats du Sdf pour la présidentielle. Il y a celui de Ni John Fru Ndi. Président de ce parti, il a été le candidat du parti pour toutes les précédentes échéances électorales. Toutefois, certaines voix en interne militent pour qu’il laisse la place à un autre candidat. D’aucuns évoquent le nom de Mbah Ndam, qui serait à l’affût pour prendre le relais au cas où le chairman se désistait. «Il y a, au sein du parti, un petit groupe qui œuvre dans ce sens», commente l’un des cadres.
Mbah Ndam, qui est présenté comme l’un des hommes proches du chairman, n’est toutefois pas prêt à aller au front si le chairman se présente. Dans cette optique, on cite aussi le vice-président, Joshua Osih et le député Jean Michel Nitcheu. Ces deux hommes, lorsqu’ils sont approchés, réfutent les ambitions qu’on leur prête.
A l’opposé, il y a ceux qui ont ouvertement déclaré leur volonté de s’opposer au président Ni John Fru Ndi pour obtenir une chance d’être le candidat du parti lors de la prochaine élection présidentielle. Il s’agit des députés Serges Siméon Noumba et Nchinda Simon Fobi. Le cas du premier semble être le plus délicat. Il a été suspendu de toute élection au sein du parti, bien qu’il continue de dire qu’il sera « présent lors du choix du candidat du Sdf pour l’élection présidentielle avec un dossier de candidature bien au complet». La candidature annoncée du député de la Mezam , Nchinda Simon Fobi, apparaît comme un caillou dans la chaussure du Chairman. «Il est dans le même département que le Chairman et il a une côte de popularité forte. Même s’il ne gagne pas, il peut fragiliser la base du Chairman et permettre à un candidat qui s’est bien préparé de rafler la mise» commente John Ngu, un militant de base du Sdf à Bamenda. L’Outsider annoncé comme candidat pour la candidature du Sdf à la présidentielle, c’est Célestin Djamen.
H. F.
« Le Sdf est prêt»
Chantal Kambiwa. La ministre de la promotion du genre au sein du Shadow cabinet, répond aux questions à l’issue de la réunion du Nec.
Qu’est ce qui explique ce revirement de situation au sein du Sdf qui décide d’inviter les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales.
Nous sommes un parti socialiste et nous écoutons tout le monde. On a eu les rapports des présidents provinciaux, on a écouté les uns et les autres. On a tenu compte de ce qu’ils nous ont dit. Ça c’est la première chose. L’autre étant que les gens ont l’impression que c’est un scoop comme on dit chez vous. Si vous aviez bien observé depuis le début, le Sdf est dans une dynamique. Celle d’instaurer la démocratie tout en préservant la paix. Si s’inscrire va concourir à cela, pourquoi pas? Les militants vont aller s’inscrire, être vigilants, mais, les onze points de revendications qui sont les nôtres demeurent. Je veux dire qu’on peut tout faire tout en progressant, bien qu’en restant dans notre logique qui est réelle, qui est véridique.
Votre nouvelle décision arrive à quelques semaines seulement de l’arrêt du processus d’inscription sur les listes électorales avec la probable convocation du corps électoral et à deux mois de la présidentielle. N’est-ce pas tard ?
Ecoutez, tout Camerounais qui aime son pays devait déjà être inscrit. Ce que vous ignorez c’est qu’ici, ce n’est pas une refonte. C’est ce que je m’attèle à vous dire. La plupart de nos militants sont inscrits sur les listes qui existent déjà. Maintenant, nous allons voir le cas de ceux qui ne se sont pas encore inscrits. Normalement, chaque Camerounais devrait déjà être prêt à aller voter. Nous sommes prêts. Un parti qui veut conquérir le pouvoir doit être prêt à chaque moment. Et pour cela, le Sdf est prêt.
Est-ce que cela signifie que le Sdf doit aller à la présidentielle de 2011 ?
Ça, par contre, n’a rien à voir. Nos textes sont clairs. C’est un congrès extraordinaire qui décide de la présence d’un candidat du Sdf à l’élection présidentielle ou pas, ce n’est pas le Nec. C’est deux choses différentes. Vous devez comprendre que nous sommes un parti qui veut conquérir le pouvoir. Nous ne pouvons pas vouloir conquérir le pouvoir tout en restant dans nos maisons. Il y a des règles pour être candidat déjà, et des règles pour être candidat au niveau national. Donc tout cela c’est une chose après l’autre ?
A quand la convention? Est-ce que vous avez déjà arrêté une date lors de cette réunion?
Il y a une commission chargée d’organiser tout cela au sein du Sdf. quand cette commission sera prête, elle nous le fera savoir. Nous avons une conférence de presse à Yaoundé mercredi et le Chairman, le président du Front social démocratique sera là personnellement pour vous expliquer en long et en large ce que pense le Sdf et la décision prise aujourd’hui.
Propos recueillis
par Honoré Feukouo
Votre avis : Comment expliquez-vous la volte-face du Sdf à propos des inscriptions sur les listes électorales ?
« Ce n’est pas un revirement»
Elisabeth Tamadjong
Nous n’avions jamais demandé aux gens de ne pas aller aux élections. Nous avons et nous continuons de critiquer Elecam dans sa configuration actuelle. Cela ne permet pas des élections libres et transparentes au Cameroun. Nous répondons juste à un besoin, tout en restant dans notre optique qui n’a pas changé. Ce n’est pas un revirement comme vous le dites. On a encore d’autres réunions qui vont se dérouler et à chaque réunion du Nec, par exemple, nous prenons des décisions que nous assumons pour le développement du Cameroun.
«Nos dossiers sont bouclés»
Clebert Hotou
Je peux déjà vous dire que le Sdf reste dans sa logique. Notre logique est celle-ci : faire en sorte que tous, que ce soit en interne ou en externe, on constate les tares du système électoral du Cameroun. Elles sont nombreuses, je peux vous l’assurer. Maintenant, il faut défendre la démocratie et nous continuons à le faire même en prenant cette décision. Nous allons être vigilants et continuer à dénoncer tout ce qui va de travers dans le processus de la démocratie et dans le processus du développement du Cameroun. C’est ce que nous avons toujours fait et c’est ce que nous continuons de faire. Nos dossiers des contentieux sont prêts et ils seront bouclés à temps.
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