Les meilleurs élèves primés
Mbouda. L’amicale des anciens élèves a déboursé 2.100.000F pour
entretenir le rêve de l’excellence au lycée.
Une poignée de main, lourde de
signification. Les regards, pétillent de joie, entre Haman Mana président de
l’Amicale des anciens élèves du lycée de Mbouda (Alymbo), et Tchinda Tchinda
Mike Florent l’un des meilleurs élèves de 6e au sein cet
établissement, lors de cet échange. Normal. Ils partagent en commun, la gaieté
d’avoir fréquenté à des périodes différentes, le même établissement scolaire,
et la volonté d’être parmi les meilleurs de leurs générations. Ce qui leur
donne le privilège de communier ensemble, ce que Haman Mana appelle «l’esprit
Lymbo, l’esprit du lycée de Mbouda. Restez accroché à votre lycée, pensez à votre
lycée et il fera votre force, comme cela a été le cas de nombreux autres qui
sont passés par ici». Clame tout ému l’aîné, en citant plusieurs grandes
personnalités passées par ce lycée comme des exemples de réussites dans divers
domaines. Après la poignée de main, une
enveloppe passe de la main du président de l’Alymbo à celle de ce jeune élève.
Le contenu est un diplôme d’encouragement pour sa bravoure et une enveloppe de
25000F. Avant lui, le délégué départemental des enseignements secondaires, a
effectué le même geste en remettant un pactole de 30.000F au meilleur élève des
6e.
Au total 62 élèves classés comme
meilleurs de la 6e en Terminale, tant de la section Francophone
que de la section anglophone, vont
recevoir des prix d’excellence encourageant leur bravoure. Les montants vont de
50.000F à 20.000F. Une enveloppe de
2.100.000F a été déployée pour récompenser les meilleurs élèves du lycée
bilingue de Mbouda, ce vendredi 13 septembre 2013. Au cours de cette cérémonie
qui s’est déroulée dans la grande cour du lycée bilingue de Mbouda, il y avait
une bonne représentativité des 3500 élèves de cet établissement, les
parents et les anciens élèves. Découverte et chaude retrouvailles pour les
uns, occasion pour les autres, de revoir le lieu où ils ont été formés,
façonnés.
Tous le déplorent, le lycée
bilingue de Mbouda ne paie pas de mine. Le charpentier tout en observant la
cérémonie, tôle la nouvelle salle en chantier, à côté de la salle multimédia. Une
chance que ne possèdent pas les 51 autres salles de classes qui ont des failles
sur les toitures. Les murs, sous la pression des pluies qui suintent,
s’inclinent et menacent de s’écrouler. A l’intérieur, toutes les salles ne
paient pas de mine, tellement elles sont vétustes du sol au plafond. Les anciens
élèves, se rappellent que les bâtiments actuels, ont été bâtis par les parents
d’élèves, et espèrent que l’Etat va prendre le relais, pour assumer ses
missions. Un espoir qu’exprime le proviseur en annonçant un projet de
construction de 12 salles en bâtiment R+1.
Jules Akono le proviseur, se réjouit du fait que ce tableau noir,
n’empêche pas le triomphe de l’excellence académique. Pour preuve, dira t’il,
le lycée Bilingue de Mbouda a été au dernier classement de l’office du
baccalauréat, 1er sur le plan régional à l’Ouest, 4e de
tous les établissements publics du Cameroun, et 21e tout ordre
d’enseignement confondu, sur les 862 établissements classés au plan national. «Créée en 1965 comme collège d’enseignement
secondaire, notre établissement a été érigé en lycée en 1978 puis transformé en
lycée bilingue en décembre 1995, avec ouverture effective de la section
anglophone en 1997». Les efforts déployés par les parents, permettent
aujourd’hui de payer les salaires des 21
enseignants vacataires qui exercent aux côtés des 88 enseignants
fonctionnaires. Ce lycée fonctionne avec 10 censeurs et 10 surveillants
généraux comme le retrace historiquement le proviseur Jules Akono le 12e
chef de cet établissement, lui-même ancien élève du Lycée de Mbouda. En
promettant de répéter cette cérémonie de remise des prix les années qui
arrivent, Haman Mana a déjà le regard pointé vers le prochain qui est la
célébration des 50 ans d’existence de cet établissement. Vivement qu’on y
arrive, avec la modernisation des locaux.
Honoré Feukouo
« Améliorons les conditions de ces élèves »
Haman Mana. Le président de l’amicale des anciens élèves du lycée de
Mbouda justifie le bien fondé de ce coup de cœur.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer la motivation de cette
cérémonie ?
La motivation de cette cérémonie,
c’est que, c’est une loi de la nature. Il faut rendre ce que l’on a reçu. Ce
lycée a fait de nous ce que nous sommes, il nous a apporté, il nous a
construit, et en retour nous remettons aux enfants de ce lycée ce que ce lycée
nous a donné. Réunis au sein de Alymbo, amicale des anciens élèves du lycée de
Mbouda, qui réunit un ensemble d’anciens élèves repartis à travers le monde,
nous avons pensé qu’il était utile que nous revenions vers ce lycée, déjà pour
que le rêve continue. Il faut que les enfants aient un rêve, que les enfants
puissent s’identifier à des personnes, que les enfants puissent savoir qu’il y
a un futur pour eux. Parce que nous sommes dans un monde où actuellement il ya
un discours de négativité, d’horizons bouchés, et il est bon de montrer aux
enfants que à l’issue de leurs études, par l’effort et pour l’effort, un jour, ils peuvent se réaliser. C’est le sens de notre retour dans ce lycée
où nous avons mobilisé 2.100.000F pour donner des bourses aux meilleurs de chaque
classe de la 6 en terminale. Voila la motivation de ce que nous avons fait
aujourd’hui au lycée bilingue de Mbouda.
Malgré les résultats qui demeurent glorieux au fil des générations, le
lycée ne paye pas de mine aujourd’hui. N’est ce pas une interpellation ?
C’est bien dommage. Ce lycée est
essentiellement un lycée de parents. C’est un Lycée qui depuis sa création en
1965, tous les bâtiments que vous voyez ont été construits par les parents
depuis le début. Je pense que c’est une interpellation au niveau des pouvoirs
publics. Les pouvoirs publics doivent pouvoir faire quelque chose. Il est temps
quand même que cela change, que l’Etat joue son rôle. Car, dans ces conditions,
former autant de têtes, je pense que s’il reçoit un coup de pouce, si les enfants
ont un centre multimédia digne de ce nom, si les enfants sont dans un cadre acceptable, s’il y a des terrains de
sport plus variés, s’ils sont dans de meilleures conditions, je pense qu’ils
peuvent avoir encore de meilleurs résultats. Vous voyez des enfants qui, dans
ces conditions font ce qu’ils font, mettez les dans les conditions d’un grand
lycée, de la ville de Yaoundé où de
Douala, et vous verrez que les résultats seront encore meilleurs.
Qu’entendez-vous faire pour apporter une amélioration sur les
infrastructures actuelles ?
Vous savez, nous ne pouvons
apporter qu’un appui à ce que l’Etat fait. Nous ne pouvons pas, quelque soient
nos efforts, faire le travail de l’Etat du Cameroun. L’Etat doit faire sa part
et nous les anciens élèves du lycée, nous pouvons apporter tout simplement ce supplément
d’âme dont a besoin un établissement. Parce que quand vous voyez une œuvre
humaine comme celle ci, ce n’est pas seulement les bâtiments. Au delà il y a un
esprit, il y a souffle, et c’est ce souffle que j’appelle le souffle «lymbo»,
le souffle lycée de Mbouda. Et c’est ce souffle que nous entretenons, cette
flamme que nous voulons continuer à entretenir en organisant ce type de
cérémonie.
Près de 30 ans après monsieur le président, qu’est ce que vous ressentez
ici au lycée au moment des retrouvailles ?
Beaucoup d’émotions. Beaucoup
d’motions. J’ai retrouvé ma salle de classe de 6e, avec vraiment
beaucoup d’émotions. Je suis quelqu’un de sensible, j’ai même un peu pleuré.
Pleuré parce que les conditions sont tellement difficiles. Vous savez un enfant
qui a les pieds sur la terre comme ça non cimentée, il étudie. Mettez lui les
carreaux, donnez lui au moins la propreté, vous voyez ce que je veux dire. Donc
quand même je pense qu’il faut faire un effort dans ce sens.
Propos recueillis par H F
Talla Joseph Parent et ancien élève Chef
Aujourd’hui chef de service régional
des marches des infrastructures au Minmap, ma joie est immense de revoir ce
lycée qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Je fais partir de la 1ière promotion à fréquenter ici lorsqu’il a été
érigé en lycée. La joie est d’autant plus
immense pour moi de voir que ma progéniture que j’ai envoyé ici, est
parmi les meilleurs comme nous l’étions à l’époque. On ne peut être qu’heureux.
J’ai d’ailleurs choisi d’habiter ici à Mbouda et d’aller travailler à
Bafoussam, pour permettre à mes enfants de fréquenter ce lycée et cela nous
réussi bien. Il me manque juste d’intégrer l’Amicale des anciens élèves du
lycée de Mbouda que nos devanciers ont mis sur pied, puisque nous y songions
aussi ici. Malgré l’état déplorable, ce lycée reste encore le meilleur sur le
plan des résultats.
Matassu Sandrine Tle A4 All
J’ai beaucoup de joie au cœur. Je
suis heureuse d’être parmi les élèves primés. J’ai reçu 50.000F et je suis sûr
que cela va aider mes parents qui n’avaient pas beaucoup de moyens, à payer ma
scolarité, mes livres et mes bords d’études. J’ai beaucoup travaillé pour
mériter ces prix parce qu’il y a beaucoup de concurrence entre les élèves, et personne
ne veut échouer ou être parmi les derniers. Maintenant qu’il y a des
récompenses, cela nous motive davantage. Je ne peux que dire merci à nos
parents, nos aînés qui viennent ici nous servir d’exemples et nous inspirer. Je
vais continuer à apprendre mes leçons.
Penn Junior From 6
Je dis merci à nos donateurs.
Merci à l’Alymbo. J’ai travaillé très dur à côté de mes amis. Lorsque nous
voyons l’établissement comme ça, cela nous énerve et chacun travaille dur pour
vite avancer et quitter. Mais avec le soutien de l’Alymbo, je crois qu’il y a
désormais pour moi et mes amis, une autre motivation supplémentaire d’apprendre
nos leçons. Ils nous donnent plus d’espoir et nous pensons que cela va
continuer. Surtout pour nous de la section anglophone, nous pensons que ce
genre d’initiatives va permettre de résoudre les besoins qui sont nombreux avec
les manques de salles et tout le reste.