lundi 20 septembre 2010

Bafoussam: Une timide rentrée chez les sourds et aveugles


Le premier jour de la rentrée a été réservé aux inscriptions
Les 8 salles du Centre d’éducation et de réhabilitation des sourds et malentendants (Cersom) sont restés désespérément vides ce lundi 6 septembre 2010 jour de rentrée scolaire. C’est devant les bureaux de la direction, qu’on observe une longue file constituée d’une trentaine de personnes. Ce sont en majorité, des parents venus inscrire leurs enfants. Explique la secrétaire de direction. Cette dernière fournit les informations nécessaires aux parents, et oriente leurs enfants tous intimidés, vers les enseignants sur place. Les 8 éducateurs de ce centre situé à l’entrée de la ville de Bafoussam au lieu dit antenne télé, évaluent le niveau de surdité de l’élève et son potentiel d’expression. Le rapport qui est attribué au directeur, n’est pas toujours positif. «C’est le même constat que nous effectuons toutes les années. La rentrée traîne à démarrer ici, parce que c’est lorsque les parents ont inscrits tous les enfants normaux qu’ils pensent à la scolarisation des enfants sourds et malentendants qu’ils ont à la maison. Certainement parce qu’ils s’imaginent que les enfants sourds sont une charge et ne leurs seront d’aucune utilité.» Commente avec un air dépité Innocent Djonthé, le directeur du Cersom.
Marie Feudjeu qui à l’instant est venue inscrire son fils Signe Oumbé Omer Ulrich âgé de 10 ans en classe de sil, est prise comme exemple. Cette dernière reconnaît qu’elle a d’abord privilégiée l’inscription de ses 5 autres enfants qui n’ont pas de problème, avant de penser au cas du petit Omer qui a des problèmes de surdité. «Nous avons mené des opérations de sensibilisation jusque dans les villages afin de dénicher des enfants sourds comme celui-ci, qui n’ont aucune éducation.» rappelle Innocent Djonthé, qui annonce actuellement un effectif d’une centaine d’élèves déjà inscrits, mais qui tardent à démarrer les cours.
 Pour la scolarité de ces enfants, les parents doivent débourser10.000frs pour l’inscription, et 111.000frs pour les élèves externes ou 261.500 pour ceux qui vont résider à l’internat de cette école qui s’arrête au niveau primaire. «Ce n’est pas du tout cher, parce que nous prenons tout en charge. Depuis 2001 que nous avons reçu du ministère de l’éducation de base l’autorisation légale de fonctionner, nous n’avons jamais reçu une subvention publique. Et Dieu seul sait l’énormité des charges à fournir pour ces enfants en difficulté pour qu’ils ne se sentent pas comme des exclus de la société.» clame le directeur, qui est lui-même malentendant. Pour ce dernier, sa mission aura atteint son apogée lorsque l’Etat va enfin penser à créer des centres publics pour les élèves sourds, et former les enseignants qui vont dispenser les cours dans ces écoles.
Honoré Feukouo

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire