Foumbot
Le premier cas de choléra dépisté crée la panique dans le Noun
Ngagna Ousseni qui était à un deuil la veille a officié comme serveur jusqu'à ce que la maladie se manifeste
L’interdiction de la commercialisation des sucettes, cannes à sucre et autres produits liquides destinés à la consommation directe est depuis hier lundi 27 septembre 2010, effective dans la région de l’ouest. C’est le contenu d’un décret signé par le gouverneur Samuel Dieudonné Ivaha Diboua. Les élèves qui se rendent en classe dans la localité de Foumbot et ses environs ce mardi 28 septembre 2010 tel que l’ont finalement décidé Christopher Kwekoua le délégué régional des enseignements secondaires de l’Ouest et son homologue Pierre Foti de l’éducation de base, vont être scrutés par une équipe médicale qui va sillonner les établissements scolaires pour vérifier s’ils ne sont pas déjà atteints par le vibrion cholérique. Ce sont là quelques mesures d’urgences prises hier, à l’issue des multiples réunions de crise qui ont été organisées, dès que le vibrion cholérique a été signalé à Maka dans l’aire de santé de Foumbot.
Le patient Ngagna Ousseni est interné sous isolement au centre de santé de Maka. Difficile d’arriver où se trouve cet homme de 26 ans, qui était connu dans cette localité où il réside comme un bon débrouillard, prêt à rendre service. C’est d’ailleurs ce qui inquiète le plus, puisqu’ils se rappellent que Ngagna Ousseni était la veille, celui qui s’occupait du service lors des funérailles qui ont attiré une foule immense au quartier Kousep à 20km du centre ville Foumbot. Tout laisse croire qu’au moment où il remplissait généreusement cette mission, il était déjà malade, comme le clament certains de ses proches. «C’est depuis mardi passé (le 20 septembre 2010 ndlr), qu’il dit qu’il est malade.» explique son frère Ousmanou Mama. Du côté des autorités, on prône la maîtrise en combattant l’alarmisme. Le gouverneur de la région de l’Ouest qui a effectué un tour sur les lieux le lundi matin du 27 septembre 2010 à l’effet de toucher du doigt la réalité sur le terrain, a rappelé aux citoyens présents et au chef de district de santé de Foumbot qu’il est temps d’appliquer la pleine prudence. Un message rassurant que le docteur Bouba chef de district de cette aire de santé, a continué a ventilé toute la journée après le départ du gouverneur. Il a multiplié les déplacements dans les lieux publics, pour sensibiliser les habitants de cette localité en vue d’inciter ces derniers à avoir un comportement hygiénique irréprochable pour barrer la voie à cette épidémie qui s’annonce. Un discours qui ne rassure pas encore. Dans cette localité les points d’eau potables sont rares, et les coupures d’eau fréquentes même à l’hôpital, qui s’avère être l’un des rares points dotés en eau potable, comme nous l’explique Inoussa le chef de ce bloc. Au moment de notre passage, il n’y avait aucune goutte d’eau qui coulait des robinets. Dans ces conditions le prolongement de la rivière Ngü et les petits affluents du fleuve du Noun, sont les seules sources de ravitaillements en eau tels que l’expliquent les habitants de cette localité.
Pris par cette panique, les autres patients qui se trouvaient au centre de santé qui héberge depuis dimanche le patient Ngagna Ousseni, ont tôt fait de déserter en majorité et progressivement les lieux dès qu’ils ont appris qu’il y avait parmi eux, une personne atteinte du choléra. On observe aussi sur la route, de nombreux déplacements des foules, qui migrent de Foumbot vers les autres villes.
Honoré Feukouo
Samuel Dieudonné Ivaha Diboua
«Le patient était parmi ceux qui servaient la population au cours d’un deuil la veille»
Le gouverneur qui coordonne le comité régional de lutte contre le choléra à l’ouest évalue la situation après l’arrivée du choléra à l’ouest.
On est passé des craintes à la panique puisque le premier cas de choléra est déjà réellement visible dans la région de l’ouest. Quel est l’état de la situation actuellement.
Effectivement dans la nuit d’hier (dimanche 26 septembre 2010), nous avons été saisis par les autorités administratives de la ville de Foumbot, faisant état d’un cas de choléra signalé dans l’aire de santé de Maka2. C’est pratiquement à 16km de la ville sur la route Foumbot – Bafia. Nous avons trouvé le nommé Ngagna Ousseni âgé de 26 ans. Selon ce que le chef de district de Foumbot nous a rapporté, ce malade a été interné dans ce centre de santé depuis dimanche, et c’était pratiquement suite à des violents maux de ventre suivis des vomissements. Il s’est retrouvé entrain de faire la diarrhée. Ses selles qui ont été prélevés par le médecin étaient jaunâtres, et attiraient vers l’urine. Toutes les conditions cliniques faisant penser au choléra étaient réunis au niveau de ce patient et transférés à Yaoundé. J’ai apprécié la réaction du corps médical qui a pris le soin de pouvoir cibler et sécuriser la zone sinistrée. Et les mesures de sécurité ont été prises de telle sorte que ce malade a été interné dans une salle isolée et ce qui fait que, tout ce qu’il peut faire comme besoin est maîtrisé et les instruments dans cette salle sont stérilisés progressivement. Même pour que nous puissions y entrer il a fallu désinfecter nos chaussures, et je vous dis que ce malade qui est véritablement entré dans un état assez critique dimanche, a pu être stabilisé parce que depuis pratiquement minuit, cette nuit, jusqu'à ce que nous arrivions sur les lieux à 9h30 (du lundi 27 septembre 2010), il n’a plu fait de diarrhée. Ce qui montre que sa santé s’améliore.
Il se dit que cet homme était dans un milieu public la veille ou il officiait comme serveur lors des funérailles. Quelles sont les mesures prises pour qu’on n’assiste pas à une contamination de masse ?
Nous avions profité de cette occasion pour réuni la population qui était venue à notre rencontre, pour continuer la sensibilisation, et amener les uns et les autres à prendre les dispositions d’hygiène pour que cette épidémie ne puisse pas se propager, et qu’elle puisse se limiter à ce seul cas pour l’instant. Je vais même d’ailleurs dire que les populations de Foumbot m’ont agréablement surprise, parce que lorsque nous sommes arrivés sur les lieux ce n’était pas la panique. Ce corps médical a su maîtriser la situation, et je pouvais même vous dire que les conditions suspectées de contamination de cette maladie, vont pratiquement dans le petit cafouillage qui s’est passé dans cette localité avec un deuil qui s’est passé samedi le 25 septembre 2010 et qui a fait drainé les foules venant de pratiquement toutes les régions du Cameroun. Je dis c’était pour moi l’occasion de dire aux populations d’être assez vigilantes sur le plan de l’hygiène tant au niveau des toilettes, que de l’eau qu’il faut purifier potable avant de consommer. Ce patient était pratiquement parmi ceux qui servaient cette population. Nous pensons que les conditions d’hygiène une fois de plus sont vivement recommandées pour que cette épidémie ne puisse pas connaître une ampleur, plus que celle que nous avons rencontrés sur les lieux. Mais sur la localité de Maka où nous sommes arrivés, nous pensons qu’ils sont pratiquement entrain de mettre en pratique les consignes données par le chef de district de santé de Foumbot, et les conseils que le comité régional à pu amener sur le terrain
Propos recueillis par Honoré Feukouo
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