vendredi 15 juillet 2011

 Une vie de footballeur
Samuel Fotso. Le père de Geremi Njitap qui a été enterré le samedi 18 juin 2011 a passé sa vie partagé entre les terrains de football et les combats d’honneurs

 C’est devant une foule des grands jours que Samuel Fotso a regagné sa dernière demeure. A dans la cour de l’école catholique de Batoufam où s’est déroulé le dernier hommage avant que le défunt ne soit conduit au caveau familial dans la stricte intimité, il y avait du beau monde. Des footballeurs de la génération actuelle de l’équipe nationale comme le capitaine actuel Samuel Eto’o Fils, Idriss Carlos Kameni, Aurélien Chedjou. Si ceux-ci sont venus tout comme l’artiste musicien Simon Longuè Longuè soutenir Geremi Sorel Njitap Fotso, d’autres vieux lions, sont venus rendre un dernier hommage à leur ancien coéquipier.

Samuel Fotso qui est décédé le 25 mai 2011 à l’hôpital de la Cnps à Yaoundé de suite d’une longue maladie,  a vu le couronnement de sa carrière au sein des lions indomptables dans les années 1970. Les plus beaux souvenirs qu’il gardait de son passage au sein des lions indomptables, c’était la tournée qu’ils avaient effectué en Chine et au Zaïre. «Nous avons vaillamment représenté le Cameroun à ce moment là. On jouait pour l’honneur. C’était une histoire de patrie et non d’argent.» disait t’il d’un air songeur, avant de conclure avec un sourire «On nous donnait une prime de match 500Frs lorsque nous étions hors du continent et  50 Frs au pays.» Sa carrière de footballeur, s’arrête en 1975 à cause d’une blessure.

Fou de football
Une carrière de footballeur qui pour ce bonhomme qui voit le jour en 1941, débute dans les années 1952, au sein de l’Aigle de Nkongsamba alors qu’il est encore élève. En 1954, il est parmi les joueurs fondateurs de l’équipe de Racing de Bafoussam. Après un passage dans l’Aigle de la Menoua qui était la grande équipe régionale de l’Ouest à l’époque, il effectue  deux saisons au sein de l’Union de Douala et de Diamant de Yaoundé. Des équipes avec lesquelles il s’illustre comme un compétiteur hors pair au point de s’en tirer avec les surnoms de «Fotso Perce goal» grâce à son adresse devant les buts,  et de « Fotso flèche empoisonnée» qualificatif qu’il glane en raison de son agilité, de sa rapidité balle au pied et de sa manière de marquer en défense ses adversaires. Il a évolue plus comme milieu défensif.
Son amour pour le football est demeuré sa principale raison de vivre puisqu’une fois à la retraite sportive, il devient fondateur et coach des équipes de Renaissance de Doume, Etoile filante de Djoum, Volcan de Foumbot, et Kouogap de Batoufam. De 1960 à 1994  Samuel Fotso qui était inspecteur des impôts s’employait à créer une équipe, où à contribuer dans les équipes qu’il trouvait dans toutes les villes où son devoir de fonctionnaire l’appelait. Une fois à la retraite, il s’est fortement consacré à Kouogap de Batoufam qu’il a crée dans son village natal situé entre Bafoussam et Bangangté. Sa seconde préoccupation était la gestion de la carrière de ses fils. Il a fortement pesé dans la gestion de la carrière de Fezeu Justin son premier fils qui a eu une bonne carrière de gardien de buts au sein de Racing de Bafoussam, avant de connaître son plus grand succès en orientant la carrière de son fils Geremi Sorel Njitap.
Très tôt sollicité pour aller entamer une carrière professionnelle, Geremi Sorel Fotso  Njitap va suivre les conseils de son père qui use de tout son poids, pour que son fils évolue au moins une année dans le Racing de Bafoussam le club de son cœur, avant d’entamer une carrière professionnelle hors du pays. L’histoire lui donne raison puisque au cours de sa seule saison dans le Racing de Bafoussam en 1996, celui qui est devenu le capitaine de l’équipe des lions indomptables victorieux de la médaille d’or aux jeux olympiques de Sydney, va permettre par un coup franc bien placé sur la tête de M’bélla, au Racing de gagner sa seule coupe du Cameroun.
Une relation pendant la coupe la  coupe du monde qui s’est joué en 2010 en Afrique du Sud, Géremi Sorel Njitap demande une permission pour venir au Cameroun afin de conduire personnellement son père malade en Tunisie où il va y passer quelques mois. L’ancien joueur de Newcastle, de Chelsea et du Real de Madrid, refuse des propositions de clubs, et décide de s’entraîner au pays, pour être plus près de son père malade et hospitalisé à Yaoundé.
Samuel Fotso qui avait pour titre de notabilité le nom de So Nankap (l’ami du chef), était le président de la communauté Batoufam de Bafoussam. Ce père d’une famille nombreuse également le président de plusieurs associations religieuses et des mouvements politiques. Il était réputé pour être un homme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds.
Honoré Feukouo


CV
1941- Naissance à Batoufam
1950-Etudes primaires à Nkongsamba sanctionné par un CEPE
1954- Membre fondateur et premier capitaine du Racing FC de Bafoussam
1958-Etudes secondaires à l’ENIA de Dschang sanctionné par un CAP
1960- Recrutement comme agent de l’Etat
1970- Sélectionné au sein de l’équipe nationale du Cameroun
1972- Obtention du concours direct de commis d’administration
        - A la suite d’une blessure au pied, il arrête le football

1994- Il prend sa retraite et se consacre aux affaires
        - président fondateur de Kouogap FC de Batoufam
2007- Installé comme chef de la famille Batoufam de Bafoussam
25 mai 2011- décède à l’hôpital de la Cnps de Yaoundé


(Encadré)
Un combattant dans l’âme
Les pères fondateurs du Racing de Bafoussam, se rappellent que c’est de haute lutte, que Samuel Fotso s’est imposé comme le tout premier capitaine de cette équipe. Cet homme a pendant ses 70 années de vie, été un combat sur et e hors des terrains de football.
Le rôle du tribunal de première et de grande instance (Tgi) de la Mifi, porte encore le nom de Samuel Fotso. Il était impliqué dans plusieurs procès et affaires judiciaires. Un coup, il arrivait au tribunal pour suivre l’affaire du siège de la communauté Batoufam. Il avait  en sa qualité de chef de la communauté Batoufam de Bafoussam, ester en justice une famille qui, disait-il, avait pour résidence de fonction le site du foyer Batoufam de Bafoussam qu’ils avaient transformé en résidence familiale privée.  
Une autre fois, il est au tribunal pour défendre les intérêts de son fils. Il n’a pas hésité à porter plainte contre Samuel Wembé et la Fécafoot, lors du transfert de son fils au Réal de Madrid. Pour lui, ce n’était pas le Racing qui devait percevoir les primes de formation, puisque Géremi Njitap a été formé à l’école de football des brasseries du Cameroun et non au Racing de Bafoussam.
D’autres fois, il était aperçu au tribunal dans des affaires contre ses épouses.  Celui qui a effectué son premier mariage sous le régime monogamique et a bravé en épousant officiellement d’autres femmes sans briser’ le régime de sa première union, n’hésitait pas à traîner ses épouses devant les tribunaux lorsqu’il se sentait abusé dans ses droits par ces dernières. Son plus grand combat judiciaire reste connu dans le monde des affaires. Pour le contrôle et la commercialisation avec monopole de la boisson «Nobra», ce dernier n’a jamais cessé de s’opposer judiciairement aux autres sociétés brassicoles. Des procès qu’il n’hésitait pas à rappeler chaque fois qu’il avait de l’énergie.
Militant du Rdpc dans la section Mifi centre, Samuel Fotso se préparait à engager un combat contre ceux qui divisaient le parti entre autochtones et allogènes dans la ville de Bafoussam. Il avait déjà rédigé et envoyé au comité central, une lettre sollicitant la création d’une section Rdpc Mifi centre II réservé à ceux qui étaient considérés comme les allogènes à Bafoussam, et mis en marge des activités. C’est ainsi ces derniers se retrouvaient  chez lui pour les réunions une fois par mois.  Le reste du temps, il le consacrait à sa passion qu’est le football. Assis dans son bar situé en plein cœur du quartier Akwa ou installé dans sa résidence personnelle, il regardait tous les matchs des lions indomptables, et suivait la carrière des multiples joueurs qu’il avait contribué à former ci et là.
Honoré Feukouo

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